Lettre x représentant une icône de fermeture
Image noir et blanc. Un gros poisson. « Vive le vidéo libre ! »

© Jean Brais, Vive le vidéo libre, 1972

Le Sémaphore,
collectif de projectionnistes

Résidence de recherche et commissariat

Octobre - décembre 2017
Vidéographe



Dans le cadre de sa première résidence de recherche et de commissariat, Vidéographe est heureux d’accueillir en ses murs le collectif de projectionnistes Le Sémaphore pour deux mois d’exploration de notre collection vidéo à partir de Vithèque.

Le Sémaphore propose de revisiter les dix premières années de la collection de Vidéographe, années où ont été expérimentées de nouvelles manières de produire des images.

Le collectif veut s’appuyer sur cette histoire et ses formes pour mieux saisir les règles et les limites de l’économie de la représentation d’aujourd’hui. Il s’agit de réfléchir aux manières possibles de produire et de faire circuler des images selon des modalités qui ne reconduisent pas l’hégémonie du privilège (de ceux qui détiennent les moyens de la représentation), et qui n’astreignent pas les images au service de politiques identitaires.

Le Sémaphore aimerait à partir de cette histoire pour nourrir une « imagination commune », inventer des futurs radicalement différents de ceux qui nous sont prescrits – chacun pour soi et fin du monde – et renouer avec des élans qui mêlent l’art et la vie. Le collectif de projectionniste propose de parcourir la multiplicité des formes expérimentées pendant cette période vive de 1971 jusqu’au virage de Vidéographe, au début des années 1980, vers la vidéo pensée comme médium artistique. Pour opérer sa sélection de films et vidéos, les commissaires regarderont autant les manières de faire et les communautés qu’elles ont constituées que les images elles-mêmes, qu’il ne s’agit pas d’oublier. Ils essaieront de les regarder comme on regarde les étoiles.

 

À propos du collectif :
Le Sémaphore
fabrique dans la nuit des destinations détournées : de la lumière pour découper des images alternatives dans des lieux périphériques et des abords urbains; des films de rue, des expérimentations mobiles, des oeuvres mineures ou inconnues projetées dans des espaces en friche.

© Après les glaciers, Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne, 2022

PROGRAMME GRATUIT SUR VITHÉQUE – La Trilogie des Glaciers
Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne

VITHÈQUE

Gratuit



Avec La trilogie des glaciers, Vidéographe est fier de présenter pour la première fois sur Vithèque le travail des artistes Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne. Fragile MonumentAlbedo et Après les glaciers font partie d’un corpus d’oeuvres récemment acquis par Vidéographe et qu’il nous tarde de vous partager.

 

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En examinant l’évolution de zones glaciaires en Suisse, cette série de trois courts-métrages porte une attention aux rapports complexes que nous entretenons avec les milieux naturels. Elle soulève une réflexion sur des perspectives d’écologies futures, où se conjuguent des états d’hybridité, de vulnérabilité et du sublime.

Point d’arrimage de cette trilogie, le glacier du Rhône, qui culmine à 3600 mètres d’altitude, est devenu depuis la fin du XIXe siècle un objet d’étude scientifique et un important site d’affluence touristique des Alpes suisses. Indice éloquent d’une disparition anticipée, une partie de la zone d’ablation du glacier, sujette à la fonte, est recouverte de mosaïques géotextiles afin de le protéger des radiations solaires. Si ces couvertures réfléchissantes peuvent contribuer à diminuer l’accélération du retrait glaciaire, cette pratique demeure toutefois contestée par le milieu scientifique. Évocateur d’un décor énigmatique, de linceuls ou de refuges temporaires, le déploiement de ces bâches représente une tentative de contrôle anthropique sur le paysage dans un contexte de bouleversements climatiques. Dans un travail immersif de l’image et du son, Fragile Monument explore les échelles de temporalité propres au glacier, à l’eau, à l’environnement minéral et leur entremêlement avec des rythmes humains.

Albédo offre une incursion visuelle dans le travail de terrain de chercheurs en glaciologie de l’ETH à Zurich sur le glacier du Rhône. Ils y déploient des outils techniques afin de produire des relevés dans le cadre d’activités de surveillance du glacier, dont les fissurations et les signes d’affaissement sont tangibles. Ces images s’accompagnent d’une explication scientifique de l’effet albédo : la capacité de réflexion du rayonnement solaire par une surface, pour lequel un indice élevé (associé à des surfaces enneigées) protège la glace de la fonte. Les boucles de rétroaction initiées par les changements climatiques chamboulent dorénavant l’équilibre précaire des glaciers, leur épiderme étant fortement sensible à celles-ci. Observé, étudié et drapé, le glacier du Rhône est présenté comme un hyper-objet climatique, un « quasi-artéfact dont l’aura sublime se rapporte dorénavant au vertige de sa disparition1 ».

Le dernier chapitre de la trilogie, Après les glaciers, présente le point de vue du chercheur scientifique et glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui milite pour la protection des glaciers et des marges glaciaires depuis une perspective écosystémique, dégagée d’un point de vue anthropocentrique. Dans ce film, le regard s’étend à différentes zones alpines en Suisse exposées au retrait glaciaire. À travers ce phénomène, des milieux intouchés émergent sous la glace, suscitant une réflexion sur leur protection comme des havres potentiels de biodiversité. Sur fond de plans macroscopiques de bulles d’air emprisonnées dans la glace, sortes d’archives vivantes donnant à sentir le temps profond du glacier, Bosson affirme que les glaciers constituent des objets sensibles qui nous permettent de mieux saisir l’histoire du climat.

Cette trilogie a été réalisée lors d’un séjour au Programme principal de résidence de La Becque (Suisse) en 2021-2022, avec le généreux soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle s’inscrit au sein d’un corpus évolutif intitulé La Montagne radieuse, présenté sous forme d’exposition, de photographies et de vidéos, qui explore les imaginaires et interprétations plurielles de la montagne, entre transformations du paysage, manifestations technologiques et vertus thérapeutiques reliées au legs de la modernité en milieu alpin.

« Au-delà de sa prestance monolithique, la montagne se révèle être un objet complexe, dont la portée irradie sur plusieurs plans. Structuré en chapitres interreliés, La Montagne radieuse […] procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la géomorphologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique2. »

 

– Comprend des extraits (1 et 2) de l’essai de Gentiane Bélanger, commissaire de l’exposition La Montagne radieuse, Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, 2022