Lettre x représentant une icône de fermeture
Image abstraite en couleur.

© Ivetta Kang et Gabriel Dharmoo, Sega, 2017

Multiformes

Projection

19 octobre 2017
Rennes (FR)



Commissaires : Audrey Brouxel, Guillaume Vallée
Artistes : Sophie Bouloux, Charles-André Coderre, Clint Enns, Rob Feulner, Mike Hoolboom, Ivetta Kang et Gabriel Dharmoo, Katherine Liberovskaya, Yuka Sato


Multiformes
examine la représentation de l’image à travers la matérialité médiatique et le processus créatif de l’artiste. Les multiples supports utilisés pour la création des films et vidéos composant le programme démontrent une variété de dispositifs directement liés à la réappropriation matérielle et conceptuelle de l’image par l’artiste. Que ce soit par le travail avec le found footage, l’autoportrait, l’hommage, ou encore le film de voyage, les oeuvres dévoilent leur mécanisme, leur organicité, leur processus et leur propre représentation.

Le programme sera présenté à l’Hôtel Pasteur à Rennes (France) dans le cadre de la biennale d’art vidéo VIDEOPROJECT.

 

PROGRAMME :

Clint Enns, All My Life (after Baillie), 3 min 20 s, 2014
Une animation numérique d’un paysage en glitch art tiré de All My Life (1966) de Bruce Baillie filmé en super 8.

Rob Feulner, Puerto Rico Tautology (14 dubs high), 6 min 58 s, 2016
Images trouvées de familles portoricaines célébrant dans les rues au son du Fania All-Stars. La séquence, enregistrée sur VHS, a été copiée sur VHS à répétition. Le son et l’image se dégradent peu à peu, jusqu’à leur disparition.

Mike Hoolboom, Colour my world, 3 min, 2017
Un questionnement en trois parties. Les textes, qui évoquent la douleur, sont adaptés d’auteurs et militants afro-américains, de Frederick Douglass à Jericho Brown. Les images ont été trempées dans l’eau jusqu’à ce que tout ce qui était reconnaissable se soit effacé, laissant un déferlement de couleurs, un flux bactérien.

Katherine Liberovskaya, Tilting At Windmills, 9 min, 2015
Face à un ciel éclairé d’un soleil du couchant, des éoliennes se meuvent inlassablement. Plan fixe, image instable : différentes couches se superposent.

Sophie Bouloux, NARAKA, 6 min 41 s, 2015
Les mondes Naraka sont les enfers où les êtres sont amenés à renaître pour une durée finie selon leur karma. Vivant dans la peur et l’angoisse, ils subissent différents tourments physiques. Les mondes Naraka sont situés à différents étages sous le continent Jambudvipa.

Ivetta Kang et Gabriel Dharmoo, Sega, 4 min 31 s, 2017
Sega est une vidéo inspirée de The Bird Song, une pièce traditionnelle coréenne interprétée par Kim Sohee. La vidéo est une exploration formelle et poétique inspirée par les différentes strates sonores et formelles qui composent le chant des oiseaux.

Yuka Sato, In the room, 7 min, 2014
Un film tourné en caméra Super 8. Une femme, symbolisée par une pièce sombre et cachée.

Charles-André Coderre, Granular Film – Beirut, 6 min 11 s, 2016
Réminiscences d’un voyage à Beyrouth. La mer. Les palmiers. Les immeubles. Les éléments se fondent sous le battement de des paupières. Les souvenirs de l’artiste ont leur propre vie séparée de son existence.

© Après les glaciers, Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne, 2022

PROGRAMME GRATUIT SUR VITHÉQUE – La Trilogie des Glaciers
Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne

VITHÈQUE

Gratuit



Avec La trilogie des glaciers, Vidéographe est fier de présenter pour la première fois sur Vithèque le travail des artistes Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne. Fragile MonumentAlbedo et Après les glaciers font partie d’un corpus d’oeuvres récemment acquis par Vidéographe et qu’il nous tarde de vous partager.

 

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En examinant l’évolution de zones glaciaires en Suisse, cette série de trois courts-métrages porte une attention aux rapports complexes que nous entretenons avec les milieux naturels. Elle soulève une réflexion sur des perspectives d’écologies futures, où se conjuguent des états d’hybridité, de vulnérabilité et du sublime.

Point d’arrimage de cette trilogie, le glacier du Rhône, qui culmine à 3600 mètres d’altitude, est devenu depuis la fin du XIXe siècle un objet d’étude scientifique et un important site d’affluence touristique des Alpes suisses. Indice éloquent d’une disparition anticipée, une partie de la zone d’ablation du glacier, sujette à la fonte, est recouverte de mosaïques géotextiles afin de le protéger des radiations solaires. Si ces couvertures réfléchissantes peuvent contribuer à diminuer l’accélération du retrait glaciaire, cette pratique demeure toutefois contestée par le milieu scientifique. Évocateur d’un décor énigmatique, de linceuls ou de refuges temporaires, le déploiement de ces bâches représente une tentative de contrôle anthropique sur le paysage dans un contexte de bouleversements climatiques. Dans un travail immersif de l’image et du son, Fragile Monument explore les échelles de temporalité propres au glacier, à l’eau, à l’environnement minéral et leur entremêlement avec des rythmes humains.

Albédo offre une incursion visuelle dans le travail de terrain de chercheurs en glaciologie de l’ETH à Zurich sur le glacier du Rhône. Ils y déploient des outils techniques afin de produire des relevés dans le cadre d’activités de surveillance du glacier, dont les fissurations et les signes d’affaissement sont tangibles. Ces images s’accompagnent d’une explication scientifique de l’effet albédo : la capacité de réflexion du rayonnement solaire par une surface, pour lequel un indice élevé (associé à des surfaces enneigées) protège la glace de la fonte. Les boucles de rétroaction initiées par les changements climatiques chamboulent dorénavant l’équilibre précaire des glaciers, leur épiderme étant fortement sensible à celles-ci. Observé, étudié et drapé, le glacier du Rhône est présenté comme un hyper-objet climatique, un « quasi-artéfact dont l’aura sublime se rapporte dorénavant au vertige de sa disparition1 ».

Le dernier chapitre de la trilogie, Après les glaciers, présente le point de vue du chercheur scientifique et glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui milite pour la protection des glaciers et des marges glaciaires depuis une perspective écosystémique, dégagée d’un point de vue anthropocentrique. Dans ce film, le regard s’étend à différentes zones alpines en Suisse exposées au retrait glaciaire. À travers ce phénomène, des milieux intouchés émergent sous la glace, suscitant une réflexion sur leur protection comme des havres potentiels de biodiversité. Sur fond de plans macroscopiques de bulles d’air emprisonnées dans la glace, sortes d’archives vivantes donnant à sentir le temps profond du glacier, Bosson affirme que les glaciers constituent des objets sensibles qui nous permettent de mieux saisir l’histoire du climat.

Cette trilogie a été réalisée lors d’un séjour au Programme principal de résidence de La Becque (Suisse) en 2021-2022, avec le généreux soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle s’inscrit au sein d’un corpus évolutif intitulé La Montagne radieuse, présenté sous forme d’exposition, de photographies et de vidéos, qui explore les imaginaires et interprétations plurielles de la montagne, entre transformations du paysage, manifestations technologiques et vertus thérapeutiques reliées au legs de la modernité en milieu alpin.

« Au-delà de sa prestance monolithique, la montagne se révèle être un objet complexe, dont la portée irradie sur plusieurs plans. Structuré en chapitres interreliés, La Montagne radieuse […] procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la géomorphologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique2. »

 

– Comprend des extraits (1 et 2) de l’essai de Gentiane Bélanger, commissaire de l’exposition La Montagne radieuse, Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, 2022