Lettre x représentant une icône de fermeture
Photo couleur. Nuages de fumées de cigarettes

© Klex

Vidéographe au 6e festival K.L.E.X en Malaisie

Projection

Samedi 28 novembre 2015, à 14h
Kuala Lumpur, KLEX Festival



Lieu : Kuala Lumpur, KLEX Festival

Commissaire : Fabrizio Gilardino

Avec les vidéos de Dorion Berg, Nathalie Bujold, Stéphane Claude, Eric Gaucher, Pierre Hébert, Etienne de Massy, Eduardo Menz, Véronique Sapin, Jules Saulnier

Répondant à l’invitation de Siew-Wai Kok – directrice et fondatrice du Kula Lumpur Expérimental, Film, Vidéo & Music Festival – le commissaire indépendant Fabrizio Gilardino présentera, à Kuala Lumpur, un programme d’œuvres de la collection de Vidéographe produites au cours des 15 dernières années. La programmation de Vidéographe fait partie du volet d’invités internationaux comprenant des sélections d’Allemagne, d’Australie, de Pologne et de Thaïlande.

Mot du commissaire, Fabrizio Gilardino
Lorsque Kok Siew-Wai, la fondatrice et directrice de KLEX, m’a révélé que le thème de cette année était « Pulse », le nom du compositeur américain Steve Reich a immédiatement surgi dans mon esprit, non seulement parce que le cycle de onze accords au début et à la fin de sa composition la plus extraordinaire, « Music for 18 Musicians » est en effet appelé « Pulse » ou bien encore parce que la plupart de ses biographies l’identifient comme « le créateur de la “phase” ou “pulse music” », mais également parce que la musique a toujours joué un rôle majeur tout au long de ma vie.

J’ai été impliqué (et je le suis toujours) dans le domaine de la musique créative ou de recherche depuis mon adolescence – brièvement comme musicien, mais surtout en tant que producteur, organisateur, commissaire et designer graphique – et il m’a donc paru tout à fait naturel de concevoir un programme dans lequel la relation entre images et son, entre vidéaste et musicien/compositeur soit très forte, voire une sorte de symbiose totale.

De la pulsation très lente de la pièce de John Cage « ORGAN2 / ASLSP » qui va s’étaler sur une période de 639 ans et qui est au cœur de « John Cage-Halberstadt » de Pierre Hébert, à celle presque endiablé de Gerard Leckey dans la vidéo de Nathalie Bujold, « OK Gerard » ; des explorations de narration visuelle et abstraite d’Étienne de Massy soutenues par une formidable composition de l’électro-acousticien Nicolas Bernier, à l’étonnante bande-son « naturelle » du film d’Eduardo Menz, il y a dans ce programme une panoplie de « pulsations » très variées qui contribuent à nous donner le « pouls » de la création vidéo québécoise de ses dernières années ainsi que du dynamisme de ce stimulant centre d’artistes qu’est Vidéographe.

PROGRAMME
Soyouz-Choisy d’Etienne de Massy 2015, 6 min30
OK Gérard de Nathalie Bujold , 2009, 4 min 11
Jonh Cage—Halberstadt de Pierre Hébert, 2013, 10 min 50
Postcard de Jules Saulnier , 2014, 3 min 04
A film portrait on reconstructing 12 possibilities that preceded
the disappearance de Zoe dean drum de Eduardo Menz, 2011, 11 min 25
ASCII alphabet de Dorion Berg, 1999 , 5 min30
The Impossible Ark de Véronique Sapin, 2002, 8 min 40
Ouverture Phénoménale de Stéphane Claude, 1991, 1min30

Fabrizio Gilardino est un commissaire indépendant touche à tout. Depuis les années 1980, il a travaillé en tant que graphiste, illustrateur, directeur artistique, producteur de disques et conservateur, en collaboration avec une variété de festivals, galeries d’art et centres d’artistes autogérés, les labels, des stations de radio et des magazines à la fois au Canada et en Europe. Né en Italie, il partage son temps entre Montréal et l’Asie du Sud-Est.

© Après les glaciers, Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne, 2022

PROGRAMME GRATUIT SUR VITHÉQUE – La Trilogie des Glaciers
Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne

VITHÈQUE

Gratuit



Avec La trilogie des glaciers, Vidéographe est fier de présenter pour la première fois sur Vithèque le travail des artistes Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne. Fragile MonumentAlbedo et Après les glaciers font partie d’un corpus d’oeuvres récemment acquis par Vidéographe et qu’il nous tarde de vous partager.

 

Cliquez ici pour accéder au programme [+]

 

En examinant l’évolution de zones glaciaires en Suisse, cette série de trois courts-métrages porte une attention aux rapports complexes que nous entretenons avec les milieux naturels. Elle soulève une réflexion sur des perspectives d’écologies futures, où se conjuguent des états d’hybridité, de vulnérabilité et du sublime.

Point d’arrimage de cette trilogie, le glacier du Rhône, qui culmine à 3600 mètres d’altitude, est devenu depuis la fin du XIXe siècle un objet d’étude scientifique et un important site d’affluence touristique des Alpes suisses. Indice éloquent d’une disparition anticipée, une partie de la zone d’ablation du glacier, sujette à la fonte, est recouverte de mosaïques géotextiles afin de le protéger des radiations solaires. Si ces couvertures réfléchissantes peuvent contribuer à diminuer l’accélération du retrait glaciaire, cette pratique demeure toutefois contestée par le milieu scientifique. Évocateur d’un décor énigmatique, de linceuls ou de refuges temporaires, le déploiement de ces bâches représente une tentative de contrôle anthropique sur le paysage dans un contexte de bouleversements climatiques. Dans un travail immersif de l’image et du son, Fragile Monument explore les échelles de temporalité propres au glacier, à l’eau, à l’environnement minéral et leur entremêlement avec des rythmes humains.

Albédo offre une incursion visuelle dans le travail de terrain de chercheurs en glaciologie de l’ETH à Zurich sur le glacier du Rhône. Ils y déploient des outils techniques afin de produire des relevés dans le cadre d’activités de surveillance du glacier, dont les fissurations et les signes d’affaissement sont tangibles. Ces images s’accompagnent d’une explication scientifique de l’effet albédo : la capacité de réflexion du rayonnement solaire par une surface, pour lequel un indice élevé (associé à des surfaces enneigées) protège la glace de la fonte. Les boucles de rétroaction initiées par les changements climatiques chamboulent dorénavant l’équilibre précaire des glaciers, leur épiderme étant fortement sensible à celles-ci. Observé, étudié et drapé, le glacier du Rhône est présenté comme un hyper-objet climatique, un « quasi-artéfact dont l’aura sublime se rapporte dorénavant au vertige de sa disparition1 ».

Le dernier chapitre de la trilogie, Après les glaciers, présente le point de vue du chercheur scientifique et glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui milite pour la protection des glaciers et des marges glaciaires depuis une perspective écosystémique, dégagée d’un point de vue anthropocentrique. Dans ce film, le regard s’étend à différentes zones alpines en Suisse exposées au retrait glaciaire. À travers ce phénomène, des milieux intouchés émergent sous la glace, suscitant une réflexion sur leur protection comme des havres potentiels de biodiversité. Sur fond de plans macroscopiques de bulles d’air emprisonnées dans la glace, sortes d’archives vivantes donnant à sentir le temps profond du glacier, Bosson affirme que les glaciers constituent des objets sensibles qui nous permettent de mieux saisir l’histoire du climat.

Cette trilogie a été réalisée lors d’un séjour au Programme principal de résidence de La Becque (Suisse) en 2021-2022, avec le généreux soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle s’inscrit au sein d’un corpus évolutif intitulé La Montagne radieuse, présenté sous forme d’exposition, de photographies et de vidéos, qui explore les imaginaires et interprétations plurielles de la montagne, entre transformations du paysage, manifestations technologiques et vertus thérapeutiques reliées au legs de la modernité en milieu alpin.

« Au-delà de sa prestance monolithique, la montagne se révèle être un objet complexe, dont la portée irradie sur plusieurs plans. Structuré en chapitres interreliés, La Montagne radieuse […] procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la géomorphologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique2. »

 

– Comprend des extraits (1 et 2) de l’essai de Gentiane Bélanger, commissaire de l’exposition La Montagne radieuse, Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, 2022