Lettre x représentant une icône de fermeture

© Marion Chuniaud, Mémoire d'un coprs à travers le temps, 2022

PROGRAMME DE MENTORAT 2022-2023

MENTORAT

Vidéographe



Don de la fondation RBC

PROGRAMME DE MENTORAT 2022-2023

Pour une quatrième année consécutive, Vidéographe tient à remercier chaleureusement la fondation RBC pour son soutien financier par l’entremise du projet Artistes émergents RBC. Visant à faciliter la transition d’artiste émergent à artiste établi, ce programme appuie des organismes qui offrent aux artistes les meilleures chances de faire avancer leur carrière.

Grâce à ce don reconduit pour deux années consécutives (2021-2022 et 2022-2023), les participant.e.s sélectionné.e.s pour l’édition 2022-2023 du programme de mentorat de Vidéographe bénéficieront de seize heures de rencontre avec un.e artiste professionnel.le de leur domaine. Le programme de mentorat vise à encourager le développement professionnel et artistique des artistes en début de carrière en les aidant à développer un nouveau projet, explorer une nouvelle technique ou poursuivre la réalisation d’une œuvre en cours.

Voici la liste des artistes retenu.e.s ainsi que leur projet et les mentors avec qui elles/ils sont associé.e.s et ont la chance de travailler :

 

Marion Chuniaud, Mémoire d’un corps à travers le temps
MENTORE : Bruno Pucella

PROJET

Bogotá 1990. Des corps en mouvement arpentent une maison  “vide, froide et humide”. Montréal 2022. Une femme joyeuse danse dans son jardin. Entre les deux, 30 ans se sont écoulés et l’on entend la voix d’une mère qui parle à son enfant.

Mémoire d’un corps à travers le temps est un court-métrage documentaire qui explore le processus de création à la fois artistique et biologique de Yesenia, une danseuse de 40 ans qui s’apprête à donner la vie pour la première fois. Il s’appuie sur l’expérience corporelle de Yesenia pour retracer sa transformation des 30 dernières années durant lesquelles elle est devenue une femme libre d’exister. Tourné en 16mm, ce film est conçu comme un collage clairsemé et brut de réminiscences du corps marqué par le temps et les générations. Dans une approche hybride du cinéma-danse flottant entre onirisme et observation, le spectateur entre dans l’immersion visuelle et sonore. Objet de mémoire en soi, mémoire d’un corps à travers le temps interroge notre perception du corps comme reflet de nos histoires intimes et comme témoin de notre métamorphose.

BIOGRAPHIE

Installée à Montréal depuis 2015, Marion est diplômée d’une maîtrise en communication internationale et interculturelle (UQÀM). Très vite, elle applique sa sensibilité et son regard artistique à ses réflexions, notamment à travers la photographie et la vidéo.

Son premier moyen-métrage Voces Berracas dresse le portrait de femmes artivistes dans un quotidien rythmé par la lutte sociale et la violence dans les quartiers populaires de Bogota (Colombie).

En vue de perfectionner ses connaissances, elle suit le programme documentaire de l’INIS 2020 à Montréal. Son dernier court métrage Statu Quo a été présenté dans plusieurs festivals au Canada et à l’international. Aujourd’hui Marion collabore sur de nombreux projets relatifs à la danse et s’intéresse dans son approche documentaire aux processus de transformation sociale pour une société plus juste et inclusive.

 


Emilie Peltier, Sans titre  
MENTOR : Guillaume Vallée

PROJET

A partir de pellicule Super 8 et de fichiers numériques, ce film de danse s’inspirera du Giallo italien pour se réécrire au fur et à mesure d’un travail expérimental de montage, de texture et de colorisation. L’exploration de l’horreur et du fétichisme propre au genre voudra rendre cette expérience envoûtante et mystérieuse.

BIOGRAPHIE

Après avoir vécu dans plusieurs pays, Emilie Peltier s’installe au Nouveau-Brunswick en 2012. Diplômée en sciences du langage et communication, elle travaille dans le milieu culturel tout en vivant selon son leitmotiv habituel: observer la vie qui l’entoure et explorer les sens et les arts. Photographie, cinéma, écriture, estampe, Emilie se forme de manière autodidacte en parallèle de ses activités professionnelles. Sa surdité influant sur son rapport au monde, elle est portée vers des projets visuels, esthétiques, souvent guidés par un instinct militant, qui explorent les perceptions, l’étrange et les liens qu’on entretient les uns aux autres. Elle participe au volet Arts médiatiques du Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA) à plusieurs reprises, où elle s’essaie autant au Super 8 qu’au numérique. En 2019, elle coréalise le court métrage de fiction 54 North, inspiré par le nombre croissant de femmes en situation de vulnérabilité dans les rues de Moncton. Pendant l’été 2020, elle réalise, à partir des textes de Mo Bolduc, Matin Ecchymose, un film expérimental alliant poésie et queerness, en français et en langue des signes québécoise. Une aventure qu’elle approfondit en 2021 via la coréalisation d’un moyen métrage documentaire, road trip invitant à découvrir la diversité des personnes sourdes. Depuis son installation à Montréal, Emilie suit un cours sur le handicap à l’UQAM, s’investit dans divers organismes tout en poursuivant son exploration identitaire et artistique.

 


 

Annabelle Fouquet, NOS ÉQUATIONS MARINES
MENTORE : Alexis Bellavance

PROJET

L’eau est la matière la plus favorable pour accueillir le vague et l’instable, combiner les courants et les contrastes, recevoir les matières contraires. Paradoxalement, elle est aussi un modèle de calme et de constance. En relation à nous, l’eau peut devenir espace de projection, une matière fondamentale pour l’inconscient, un langage pour se voir ou pour se rêver profondément.

Au croisement de l’anthropologie et de l’océanographie, l’installation vidéographique NOS ÉQUATIONS MARINES est issue d’une collaboration avec l’océanographe Jan Klaus Rieck. Elle vise à générer une expérience sensorielle où les visiteurs appréhenderont de manière indifférenciée les mouvements intrinsèques de l’eau et ceux de l’humain.

BIOGRAPHIE

Initialement formée en photographie et en vidéo, Annabelle Fouquet est diplômée d’une maîtrise sur mesure en anthropologie et en arts visuels (2020) à l’Université Laval (Québec). Elle développe actuellement un langage à la lisière de l’anthropologie visuelle et de l’art relationnel. Son travail a été exposé dans différents lieux de diffusion en France (Institut National de la Géographie ; Festival Les Boutographies ; Galerie Vincent Hilaire…) et au Canada (Festival Antimatter ; Optimista ; Musée du Bas-Saint-Laurent ; Rendez-vous du Cinéma Québécois…). Elle collabore régulièrement avec le milieu muséal afin de conceptualiser, scénariser et scénographier des expositions.

Pour le projet NOS ÉQUATIONS MARINES, elle s’allie avec l’océanographe Jan Klaus Rieck, formé en physique du climat à l’Université de Kiel (Allemagne), spécialiste des tourbillons et courants de l’océan. Il travaille actuellement à l’Université McGill (Montréal).

 


Andréanne Martin, Le journal du polyamour  
MENTOR : Nelson Henricks

PROJET
À la suite d’une rupture amoureuse, l’artiste s’est interrogée sur son idéal relationnel. Afin d’alimenter ses réflexions, elle s’est demandé s’il existait d’autres modes relationnels que celui de la monogamie. Au fil de ses recherches, elle a découvert le polyamour. Elle a aussi constaté que les représentations médiatiques des relations polyamoureuses étaient peu nombreuses en plus d’être majoritairement sensationnalistes. Elle a ainsi voulu mener sa propre enquête avec la conviction que cela pourrait servir à d’autres. Elle est donc allée à la rencontre de psychologues, de sexologues et de personnes polyamoureuses. Ces rencontres avec des gens de divers horizons se sont déroulées à Montréal, dans des parcs, des cafés et dans des appartements. Elle a documenté ces rencontres avec une caméra, un magnétophone et un journal de bord. Le journal du polyamour est une installation-vidéo-documentaire constituée à partir de la documentation de cette recherche terrain.

BIOGRAPHIE

Andréanne Martin œuvre en cinéma expérimental et en art médiatique. Elle s’intéresse à l’effet catalyseur de la caméra pour provoquer la rencontre et aux pratiques audiovisuelles documentaires performatives et engagées. Elle est finissante à la maîtrise en recherche-création en média expérimental à l’UQAM. Son mémoire est une œuvre transdisciplinaire qui explore le potentiel subversif et émancipateur de l’errance et du voyage. Elle y interroge une série d’expériences performatives d’errance menée à l’international qu’elle a documentée avec une caméra, un magnétophone et un journal de bord. Dans le cadre de ce projet, elle a notamment voyagé à bord du transsibérien de Moscou à Beijing et elle a aussi erré au Maroc sur les traces des beatniks. En 2021, dans le cadre du projet collectif Cinéphonie initié par Spira, elle a scénarisé Horizon, une œuvre qui explore de manière ludique et sous le thème du réalisme magique, les effets qu’ont les technologies mobiles de communication sur notre manière d’être en relation avec ce qui nous entoure. En 2020, en collaboration avec des chercheurs en communication à l’UQAM, elle a réalisé Beijing, distribué par le GIV et présenté au FCVQ, un film qui explore le lien entre le système de crédit social chinois et la banalisation de la surveillance à travers le monde. En 2018, elle a co-réalisé Chloé Virgule, un road movie documentaire qui a été présenté à La soirée de la relève Radio-Canada des RIDM, mais aussi dans plusieurs autres festivals de cinéma, dont à Paris, Los Angeles, Mumbai, Moscou et Belgrade.

 

Logo RBC

© Après les glaciers, Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne, 2022

PROGRAMME GRATUIT SUR VITHÉQUE – La Trilogie des Glaciers
Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne

VITHÈQUE

Gratuit



Avec La trilogie des glaciers, Vidéographe est fier de présenter pour la première fois sur Vithèque le travail des artistes Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne. Fragile MonumentAlbedo et Après les glaciers font partie d’un corpus d’oeuvres récemment acquis par Vidéographe et qu’il nous tarde de vous partager.

 

Cliquez ici pour accéder au programme [+]

 

En examinant l’évolution de zones glaciaires en Suisse, cette série de trois courts-métrages porte une attention aux rapports complexes que nous entretenons avec les milieux naturels. Elle soulève une réflexion sur des perspectives d’écologies futures, où se conjuguent des états d’hybridité, de vulnérabilité et du sublime.

Point d’arrimage de cette trilogie, le glacier du Rhône, qui culmine à 3600 mètres d’altitude, est devenu depuis la fin du XIXe siècle un objet d’étude scientifique et un important site d’affluence touristique des Alpes suisses. Indice éloquent d’une disparition anticipée, une partie de la zone d’ablation du glacier, sujette à la fonte, est recouverte de mosaïques géotextiles afin de le protéger des radiations solaires. Si ces couvertures réfléchissantes peuvent contribuer à diminuer l’accélération du retrait glaciaire, cette pratique demeure toutefois contestée par le milieu scientifique. Évocateur d’un décor énigmatique, de linceuls ou de refuges temporaires, le déploiement de ces bâches représente une tentative de contrôle anthropique sur le paysage dans un contexte de bouleversements climatiques. Dans un travail immersif de l’image et du son, Fragile Monument explore les échelles de temporalité propres au glacier, à l’eau, à l’environnement minéral et leur entremêlement avec des rythmes humains.

Albédo offre une incursion visuelle dans le travail de terrain de chercheurs en glaciologie de l’ETH à Zurich sur le glacier du Rhône. Ils y déploient des outils techniques afin de produire des relevés dans le cadre d’activités de surveillance du glacier, dont les fissurations et les signes d’affaissement sont tangibles. Ces images s’accompagnent d’une explication scientifique de l’effet albédo : la capacité de réflexion du rayonnement solaire par une surface, pour lequel un indice élevé (associé à des surfaces enneigées) protège la glace de la fonte. Les boucles de rétroaction initiées par les changements climatiques chamboulent dorénavant l’équilibre précaire des glaciers, leur épiderme étant fortement sensible à celles-ci. Observé, étudié et drapé, le glacier du Rhône est présenté comme un hyper-objet climatique, un « quasi-artéfact dont l’aura sublime se rapporte dorénavant au vertige de sa disparition1 ».

Le dernier chapitre de la trilogie, Après les glaciers, présente le point de vue du chercheur scientifique et glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui milite pour la protection des glaciers et des marges glaciaires depuis une perspective écosystémique, dégagée d’un point de vue anthropocentrique. Dans ce film, le regard s’étend à différentes zones alpines en Suisse exposées au retrait glaciaire. À travers ce phénomène, des milieux intouchés émergent sous la glace, suscitant une réflexion sur leur protection comme des havres potentiels de biodiversité. Sur fond de plans macroscopiques de bulles d’air emprisonnées dans la glace, sortes d’archives vivantes donnant à sentir le temps profond du glacier, Bosson affirme que les glaciers constituent des objets sensibles qui nous permettent de mieux saisir l’histoire du climat.

Cette trilogie a été réalisée lors d’un séjour au Programme principal de résidence de La Becque (Suisse) en 2021-2022, avec le généreux soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle s’inscrit au sein d’un corpus évolutif intitulé La Montagne radieuse, présenté sous forme d’exposition, de photographies et de vidéos, qui explore les imaginaires et interprétations plurielles de la montagne, entre transformations du paysage, manifestations technologiques et vertus thérapeutiques reliées au legs de la modernité en milieu alpin.

« Au-delà de sa prestance monolithique, la montagne se révèle être un objet complexe, dont la portée irradie sur plusieurs plans. Structuré en chapitres interreliés, La Montagne radieuse […] procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la géomorphologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique2. »

 

– Comprend des extraits (1 et 2) de l’essai de Gentiane Bélanger, commissaire de l’exposition La Montagne radieuse, Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, 2022