Lettre x représentant une icône de fermeture

© Anne Golden, The Order, 2020

Vidéographe remet le premier prix Robert-Forget à Anne Golden

Prix Robert-Forget

2022
Vidéographe



Montréal, le 1 février 2022

Vidéographe est heureux d’annoncer que l’artiste Anne Golden est la première lauréate du Prix Robert-Forget. Anne Golden se verra remettre le prix lors d’une cérémonie dédiée le mardi 22 février à 18h au Cinéma Moderne. Un programme d’œuvres de l’artiste sera aussi présenté pour l’occasion.

Créé en 2021 dans le cadre des festivités entourant les 50 ans de Vidéographe et nommé d’après le fondateur de l’organisme, le prix Robert-Forget est remis tous les deux ans à un artiste, commissaire ou chercheure.e québécois.e ayant contribué de manière exceptionnelle au développement de l’image en mouvement au Québec. Celui-ci est assorti d’une bourse de 5 000$, d’une publication numérique et d’un programme rétrospectif soutenus par Vidéographe. De plus, à l’occasion du 50e anniversaire de l’organisme, l’ONF, partenaire des premières heures de Vidéographe, bonifie le prix d’une bourse de 5 000$ en services techniques de l’ACIC afin de soutenir le récipiendaire dans la réalisation de ses prochaines œuvres.

Le jury de cette première édition était composé de Nicole Gingras, Pierre Hébert et Paul Wong. Parmi les candidat.e.s, l’approche unique de Anne Golden, au croisement du cinéma expérimental, du documentaire et de la fiction, s’est nettement démarquée.

Figure phare de la communauté de la vidéo indépendante, Anne Golden a contribué à la reconnaissance de la discipline vidéo et des perspectives féministes et lesbiennes en soutenant leur diffusion auprès de divers groupes. Elle assure à ce titre la direction artistique du Groupe Intervention Vidéo (GIV) en plus d’enseigner au département de Media Arts du John Abbott College. L’artiste a favorisé l’émergence et la diffusion de nouveaux discours et perspectives sur l’art vidéo, tout en contribuant à l’essor du médium avec une production qui s’étend sur plus de 30 ans. Le travail d’Anne Golden a été présenté dans de nombreux festivals, galeries et musées au Québec, au Canada et à l’international. L’artiste a par ailleurs participé à plusieurs présentations sur les pratiques de conservation, la distribution indépendante et, plus récemment, les films d’horreur.

 

Anne Golden, photo by Shari Hatt

© Après les glaciers, Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne, 2022

PROGRAMME GRATUIT SUR VITHÉQUE – La Trilogie des Glaciers
Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne

VITHÈQUE

Gratuit



Avec La trilogie des glaciers, Vidéographe est fier de présenter pour la première fois sur Vithèque le travail des artistes Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne. Fragile MonumentAlbedo et Après les glaciers font partie d’un corpus d’oeuvres récemment acquis par Vidéographe et qu’il nous tarde de vous partager.

 

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En examinant l’évolution de zones glaciaires en Suisse, cette série de trois courts-métrages porte une attention aux rapports complexes que nous entretenons avec les milieux naturels. Elle soulève une réflexion sur des perspectives d’écologies futures, où se conjuguent des états d’hybridité, de vulnérabilité et du sublime.

Point d’arrimage de cette trilogie, le glacier du Rhône, qui culmine à 3600 mètres d’altitude, est devenu depuis la fin du XIXe siècle un objet d’étude scientifique et un important site d’affluence touristique des Alpes suisses. Indice éloquent d’une disparition anticipée, une partie de la zone d’ablation du glacier, sujette à la fonte, est recouverte de mosaïques géotextiles afin de le protéger des radiations solaires. Si ces couvertures réfléchissantes peuvent contribuer à diminuer l’accélération du retrait glaciaire, cette pratique demeure toutefois contestée par le milieu scientifique. Évocateur d’un décor énigmatique, de linceuls ou de refuges temporaires, le déploiement de ces bâches représente une tentative de contrôle anthropique sur le paysage dans un contexte de bouleversements climatiques. Dans un travail immersif de l’image et du son, Fragile Monument explore les échelles de temporalité propres au glacier, à l’eau, à l’environnement minéral et leur entremêlement avec des rythmes humains.

Albédo offre une incursion visuelle dans le travail de terrain de chercheurs en glaciologie de l’ETH à Zurich sur le glacier du Rhône. Ils y déploient des outils techniques afin de produire des relevés dans le cadre d’activités de surveillance du glacier, dont les fissurations et les signes d’affaissement sont tangibles. Ces images s’accompagnent d’une explication scientifique de l’effet albédo : la capacité de réflexion du rayonnement solaire par une surface, pour lequel un indice élevé (associé à des surfaces enneigées) protège la glace de la fonte. Les boucles de rétroaction initiées par les changements climatiques chamboulent dorénavant l’équilibre précaire des glaciers, leur épiderme étant fortement sensible à celles-ci. Observé, étudié et drapé, le glacier du Rhône est présenté comme un hyper-objet climatique, un « quasi-artéfact dont l’aura sublime se rapporte dorénavant au vertige de sa disparition1 ».

Le dernier chapitre de la trilogie, Après les glaciers, présente le point de vue du chercheur scientifique et glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui milite pour la protection des glaciers et des marges glaciaires depuis une perspective écosystémique, dégagée d’un point de vue anthropocentrique. Dans ce film, le regard s’étend à différentes zones alpines en Suisse exposées au retrait glaciaire. À travers ce phénomène, des milieux intouchés émergent sous la glace, suscitant une réflexion sur leur protection comme des havres potentiels de biodiversité. Sur fond de plans macroscopiques de bulles d’air emprisonnées dans la glace, sortes d’archives vivantes donnant à sentir le temps profond du glacier, Bosson affirme que les glaciers constituent des objets sensibles qui nous permettent de mieux saisir l’histoire du climat.

Cette trilogie a été réalisée lors d’un séjour au Programme principal de résidence de La Becque (Suisse) en 2021-2022, avec le généreux soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle s’inscrit au sein d’un corpus évolutif intitulé La Montagne radieuse, présenté sous forme d’exposition, de photographies et de vidéos, qui explore les imaginaires et interprétations plurielles de la montagne, entre transformations du paysage, manifestations technologiques et vertus thérapeutiques reliées au legs de la modernité en milieu alpin.

« Au-delà de sa prestance monolithique, la montagne se révèle être un objet complexe, dont la portée irradie sur plusieurs plans. Structuré en chapitres interreliés, La Montagne radieuse […] procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la géomorphologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique2. »

 

– Comprend des extraits (1 et 2) de l’essai de Gentiane Bélanger, commissaire de l’exposition La Montagne radieuse, Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, 2022