Lettre x représentant une icône de fermeture

© Eduardo Menz, Les femmes de Pinochet, 2005

Programmation aux RIDM
LES VIDÉOGRAPHES – Le devoir de mémoire

PROGRAMMATION

19 novembre 2021 à 18 h
Cinémathèque québécoise



Dès les débuts de Vidéographe, la scène politique engendre des œuvres, souvent collectives, désireuses d’offrir une alternative aux médias officiels.

Le devoir d’agir face aux injustices sociales et politiques a ainsi poussé les vidéographes à réaliser des vidéos ayant pour objectif d’éveiller nos consciences, ce qui constitue aujourd’hui une riche tradition de création et de diffusion d’œuvres militantes portant notamment leur regard sur la scène internationale et locale.

 

PROGRAMME

Nayla Dabaji, Intervalle, 2014, 8 min

Un personnage fictif échouant du ciel se souvient de ses vaines tentatives à traverser la frontière à qui elle/il survit miraculeusement à chaque fois.

Alisi Telengut, Nutag-Homeland, 2016, 6 min

Nutag-Homeland est un poème visuel et un requiem surréaliste dédié au peuple Kalmouk qui fut déporté en masse par l’URSS entre 1945-1957. Quand ils furent autorisés à rentrer dans leur patrie, la moitié d’entre eux étaient morts en exil. L’animation constituée d’images peintes à la main rappelle cet épisode de l’histoire humaine pour exemplifier le thème éternel de la diaspora et de la perte de la terre natale. En faisant référence au passé et à la perte, le film oppose une résistance critique aux conjonctures sociopolitiques de notre temps.

Félix Lamarche, Terres fantômes, 2019, 20 min

Dans l’arrière-pays gaspésien des années 1970, une nouvelle politique d’aménagement du territoire mène à la fermeture d’une dizaine de villages et force l’exode de milliers de personnes vers les villes de la côte. Parmi les habitants de ces régions, c’est le choc et la consternation. Aujourd’hui largement oublié, cet épisode a pourtant laissé une marque profonde, des cicatrices autant dans les mémoires que sur le paysage. Quelles traces reste-t-il de cet évènement pour dire la force du lien qui unissait une population à son territoire?

Eduardo Menz, Les femmes de Pinochet, 2005, 12 min

Las Mujeres de Pinochet est un court métrage expérimental où le spectateur se voit forcé de jouer un rôle à travers le texte, le son et l’image. On y décortique les structures de classe et la signification de la beauté à travers l’histoire oubliée de deux femmes pendant le régime brutal de Pinochet vers la fin des années 1980. Une manière de revisiter le passé du Chili et de juxtaposer les différentes couches sociales d’un peuple.

Pierre Hébert, La statue de Robert E. Lee à Charlottesville, 2018, 26 min

Les 11 et 12 août 2017, une démonstration de force de groupes néo-nazis et suprémacistes blancs a lieu à Charlottesville, Virginia, pour s’opposer à l’enlèvement de la statue du général Robert E. Lee. Des affrontements violents ont laissé des morts et de nombreux blessés. Le 23 août, la mairie fait couvrir la statue de noir en signe de deuil. Le 28 août, nous partons pour la Virginie pour filmer la statue enveloppée comme point de départ d’une réflexion sur les enjeux politiques et historiques du débat qui fait rage aux USA sur le sort des statues confédérées.

 

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© Après les glaciers, Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne, 2022

PROGRAMME GRATUIT SUR VITHÉQUE – La Trilogie des Glaciers
Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne

VITHÈQUE

Gratuit



Avec La trilogie des glaciers, Vidéographe est fier de présenter pour la première fois sur Vithèque le travail des artistes Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne. Fragile MonumentAlbedo et Après les glaciers font partie d’un corpus d’oeuvres récemment acquis par Vidéographe et qu’il nous tarde de vous partager.

 

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En examinant l’évolution de zones glaciaires en Suisse, cette série de trois courts-métrages porte une attention aux rapports complexes que nous entretenons avec les milieux naturels. Elle soulève une réflexion sur des perspectives d’écologies futures, où se conjuguent des états d’hybridité, de vulnérabilité et du sublime.

Point d’arrimage de cette trilogie, le glacier du Rhône, qui culmine à 3600 mètres d’altitude, est devenu depuis la fin du XIXe siècle un objet d’étude scientifique et un important site d’affluence touristique des Alpes suisses. Indice éloquent d’une disparition anticipée, une partie de la zone d’ablation du glacier, sujette à la fonte, est recouverte de mosaïques géotextiles afin de le protéger des radiations solaires. Si ces couvertures réfléchissantes peuvent contribuer à diminuer l’accélération du retrait glaciaire, cette pratique demeure toutefois contestée par le milieu scientifique. Évocateur d’un décor énigmatique, de linceuls ou de refuges temporaires, le déploiement de ces bâches représente une tentative de contrôle anthropique sur le paysage dans un contexte de bouleversements climatiques. Dans un travail immersif de l’image et du son, Fragile Monument explore les échelles de temporalité propres au glacier, à l’eau, à l’environnement minéral et leur entremêlement avec des rythmes humains.

Albédo offre une incursion visuelle dans le travail de terrain de chercheurs en glaciologie de l’ETH à Zurich sur le glacier du Rhône. Ils y déploient des outils techniques afin de produire des relevés dans le cadre d’activités de surveillance du glacier, dont les fissurations et les signes d’affaissement sont tangibles. Ces images s’accompagnent d’une explication scientifique de l’effet albédo : la capacité de réflexion du rayonnement solaire par une surface, pour lequel un indice élevé (associé à des surfaces enneigées) protège la glace de la fonte. Les boucles de rétroaction initiées par les changements climatiques chamboulent dorénavant l’équilibre précaire des glaciers, leur épiderme étant fortement sensible à celles-ci. Observé, étudié et drapé, le glacier du Rhône est présenté comme un hyper-objet climatique, un « quasi-artéfact dont l’aura sublime se rapporte dorénavant au vertige de sa disparition1 ».

Le dernier chapitre de la trilogie, Après les glaciers, présente le point de vue du chercheur scientifique et glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui milite pour la protection des glaciers et des marges glaciaires depuis une perspective écosystémique, dégagée d’un point de vue anthropocentrique. Dans ce film, le regard s’étend à différentes zones alpines en Suisse exposées au retrait glaciaire. À travers ce phénomène, des milieux intouchés émergent sous la glace, suscitant une réflexion sur leur protection comme des havres potentiels de biodiversité. Sur fond de plans macroscopiques de bulles d’air emprisonnées dans la glace, sortes d’archives vivantes donnant à sentir le temps profond du glacier, Bosson affirme que les glaciers constituent des objets sensibles qui nous permettent de mieux saisir l’histoire du climat.

Cette trilogie a été réalisée lors d’un séjour au Programme principal de résidence de La Becque (Suisse) en 2021-2022, avec le généreux soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle s’inscrit au sein d’un corpus évolutif intitulé La Montagne radieuse, présenté sous forme d’exposition, de photographies et de vidéos, qui explore les imaginaires et interprétations plurielles de la montagne, entre transformations du paysage, manifestations technologiques et vertus thérapeutiques reliées au legs de la modernité en milieu alpin.

« Au-delà de sa prestance monolithique, la montagne se révèle être un objet complexe, dont la portée irradie sur plusieurs plans. Structuré en chapitres interreliés, La Montagne radieuse […] procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la géomorphologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique2. »

 

– Comprend des extraits (1 et 2) de l’essai de Gentiane Bélanger, commissaire de l’exposition La Montagne radieuse, Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, 2022