Lettre x représentant une icône de fermeture

© Shigeo Arikawa, IT HAS ALREADY BEEN ENDED BEFORE YOU CAN SEE THE END, 2012

Vidéographe x Dazibao x Place M

PROGRAMMATION

20 - 31 mai 2021
Diffusion en direct sur Facebook et YouTube à 19 h

Gratuit



Crossing Boundaries Between Photo and Film

Dans le cadre de la série dv_vd, Dazibao et Vidéographe sont heureux de consacrer une soirée de diffusion en ligne à Place M, une galerie d’art de Tokyo dédiée à la photographie. 

En 2019, Place M a ajouté un volet cinéma à ses activités et tenait, en mars 2021, son deuxième festival de films, en ligne auquel participait Vidéographe. 

L’idée d’une collaboration avec Place M s’est amorcée en 2016 lors de la rencontre entre le vidéaste montréalais Guillaume Vallée et Yuka Sato (Place M) au festival EXiS de Séoul. C’est lors d’un séjour de Vallée à Tokyo en 2018 que l’idée se précise pour prendre la      forme d’un commissariat croisé entre Vidéographe et Place M. Julie Tremble de Vidéographe et Guillaume Vallée ont ainsi mis en place deux programmes (Shorts 1 et Shorts 2) à partir de la collection de Vidéographe qui ont été présentés au Festival Place M les 19 et 21 mars 2021. Yuka Sato, pour sa part, a été invitée à commissarier le programme pour cette dernière soirée dv_vd de la saison.

Intitulé Crossing Boundaries Between Photo and Film, le programme présente les œuvres de cinq photographes, cinéastes et artistes contemporains parmi les plus dynamiques de notre époque : Osamu Kanemura, Shigeo Arikawa, Yuka Sato, Shinya Isobe et Mami Kosemura. Cette sélection vise à explorer autant les possibilités de la photographie et du cinéma que la création d’expressions novatrices situées à leur carrefour. Nous espérons que vous apprécierez ce programme virtuel exclusif et les œuvres de ces artistes au sommet de leur art.

 

► En direct sur la page Facebook de Dazibao et la chaîne YouTube de Vidéographe

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Programmatrice : Yuka Sato

 

PROGRAMME

Osamu Kanemura, Topless Bieber Drive, 12 min, 2019, Japon.

Selon Karlheinz Stockhausen, la musique n’a que deux paramètres : le démarrage et l’arrêt. Pour lui, la musique n’est rien de plus qu’un système mécanique fonctionnant dans une alternance « ouvert/fermé ». L’idée de Stockhausen peut être facilement appliquée aux musiciens funk. Une fois leur performance commencée, le groove continue de façon ininterrompue jusqu’à ce que la fin soit annoncée. La musique démarre et se termine, comme si un interrupteur était allumé puis éteint. Cette mise en exécution rappelle le mécanisme d’un tapis roulant. Le funk est une machine, un système qui fonctionne selon      le tempo et le rythme.

 

Shigeo Arikawa, IT HAS ALREADY BEEN ENDED BEFORE YOU CAN SEE THE END, 11 min, 2012, Japon.

La fin a déjà commencé et elle s’est déjà achevée. On l’appelle « la fin » pour la percevoir et la rendre visible, mais elle est déjà passée avant qu’on l’appelle ainsi. Pour le dire autrement, la fin s’infiltre toujours dans le présent, on ne peut pas lui reconnaître de temporalité propre. Elle a toujours déjà commencé et s’est toujours déjà achevée. La catastrophe du tremblement de terre et de la crise nucléaire de 2011, au Japon, a eu un impact majeur sur ce film. Celui-ci est le premier d’une série intitulée PIXCANNING, un mot-valise inventé à partir du mot « pixel » et du mot « balayage » (scanning). Le terme renvoie à une méthode recueillant les éléments qui échappent à la perception au moment où les images apparaissent ou sont construites.

 

Yuka Sato, Dialogue, 17 min, 2018, Japon.

Au sortir d’une période d’isolement, une recluse sociale, ou « hikikomori », raconte ses expériences intérieures face à un environnement urbain, illuminé et agité, qui ne dort jamais. Le film présente des images instantanées du parcours de son cœur.

 

Shinya Isobe, 13, 10 min, 2020, Japon.

Le film consiste en une séquence continue de prises de vue à intervalle régulier présentant des images du coucher de soleil exposé sous un même angle et dans la même position sur pellicule 16 mm durant une période de 5 ans. Le titre 13 vient du fait que l’intervalle est de 13 secondes par image.

 

 

Mami Kosemura, 蝶 Butterfly, 7 min, 2021, Japon.

Cette série vidéo est basée sur un carnet de croquis d’Okyo Maruyama (1733-1795, Japon) intitulé le Shasei-cho. Copié par divers artistes, le Shasei-cho est devenu un modèle de référence pour présenter la façon dont les Japonais perçoivent et reproduisent le monde naturel. Les vidéos de cette série ont été créées en photographiant de vrais papillons à vitesse très ralentie, de façon à renvoyer à la composition et au style de dessin du Shasei-cho. Chaque mouvement est le reflet du comportement, des caractéristiques et de la personnalité du papillon tel qu’il était à ce moment-là. Cette œuvre est un Shasei-cho des temps modernes, fruit des observations de l’artiste reproduites d’après les techniques des grands peintres du passé.

 

 

BIOGRAPHIES

Osamu Kanemura

Osamu Kanemura est né en 1964 à Tokyo. En 1992, alors étudiant au Collège de photographie de Tokyo, il est invité à participer à la biennale de photographie de Rotterdam, aux Pays-Bas. En 1996, il est inclus dans la liste des « Six photographes à suivre » du MOMA.

 

Shigeo Arikawa

Né en 1982 à Tokyo, Shigeo Arikawa obtient un diplôme de l’Université des arts de Tokyo en 2006. Entre 2014 et 2016, il séjourne en résidence à la Rijksakademie van beeldende kunsten à Amsterdam, aux Pays-Bas, où il produit des œuvres utilisant différents médiums tels que la vidéo, l’installation et la photographie. Ses œuvres visent à court-circuiter notre compréhension rationnelle (ou fonctionnelle) des choses en mettant en scène des gestes dénués de sens ou en mélangeant des éléments sans lien apparent dans le but de suspendre notre savoir, nos attentes et nos croyances. Récemment, Arikawa a présenté ses œuvres dans des expositions individuelles et collectives en Europe, et a élargi ses activités au Japon.

 

Yuka Sato 

Yuka Sato est une cinéaste japonaise établie à Tokyo. Ses films ont été présentés au Japon ainsi que dans des festivals de films internationaux à Singapour, Édimbourg, Hambourg et Oberhausen, entre autres. Depuis 2019, elle travaille aussi comme programmatrice. Elle poursuit son exploration des frontières entre le cinéma et la photographie à travers la direction de festivals de films qui partagent des thèmes apparentés à ses œuvres.

yukasatofilm.com

 

Shinya Isobe

Shinya Isobe est né en 1982 à Yokohama. Il détient un diplôme d’études supérieures de l’Université Zokei de Tokyo ainsi qu’un diplôme du Image Forum Institute of the Moving Image. Sa dernière œuvre, 13, s’est vu décerner le prix Ken Burns du meilleur film au 59e festival du film d’Ann Arbor. Parmi ses œuvres principales figurent Eden (2011) et For Rest (2017).

 

Mami Kosemura

Née en 1975 à Kanagawa, Mami Kosemura est une artiste contemporaine utilisant la photo et l’animation pour explorer les zones de confluence entre la peinture, la vidéo et la photographie. Ses œuvres se réfèrent autant à des motifs européens classiques qu’à des sujets traditionnels telle la peinture japonaise. Elle détient un doctorat en peinture de l’Université des arts de Tokyo depuis 2005. Elle a exposé en solo au Musée d’art contemporain de Hara, à Tokyo, et dans des expositions de groupe au Musée de l’Asia Society à New York, à la galerie Freer and Sackler à Washington, D.C., à la Biennale internationale des artistes femmes d’Incheon et au Kunsthal KAdE, aux Pays-Bas. Ses œuvres font partie de plusieurs collections, dont celles du Musée d’art contemporain de Tokyo, de l’Université nationale des arts de Tokyo, du Musée d’art de Gunma à Tatebayashi, du Musée de l’Asia Society et du Musée des beaux-arts de Kuandu à Taïwan.

Logo Dazibao

© Après les glaciers, Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne, 2022

PROGRAMME GRATUIT SUR VITHÉQUE – La Trilogie des Glaciers
Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne

VITHÈQUE

Gratuit



Avec La trilogie des glaciers, Vidéographe est fier de présenter pour la première fois sur Vithèque le travail des artistes Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne. Fragile MonumentAlbedo et Après les glaciers font partie d’un corpus d’oeuvres récemment acquis par Vidéographe et qu’il nous tarde de vous partager.

 

Cliquez ici pour accéder au programme [+]

 

En examinant l’évolution de zones glaciaires en Suisse, cette série de trois courts-métrages porte une attention aux rapports complexes que nous entretenons avec les milieux naturels. Elle soulève une réflexion sur des perspectives d’écologies futures, où se conjuguent des états d’hybridité, de vulnérabilité et du sublime.

Point d’arrimage de cette trilogie, le glacier du Rhône, qui culmine à 3600 mètres d’altitude, est devenu depuis la fin du XIXe siècle un objet d’étude scientifique et un important site d’affluence touristique des Alpes suisses. Indice éloquent d’une disparition anticipée, une partie de la zone d’ablation du glacier, sujette à la fonte, est recouverte de mosaïques géotextiles afin de le protéger des radiations solaires. Si ces couvertures réfléchissantes peuvent contribuer à diminuer l’accélération du retrait glaciaire, cette pratique demeure toutefois contestée par le milieu scientifique. Évocateur d’un décor énigmatique, de linceuls ou de refuges temporaires, le déploiement de ces bâches représente une tentative de contrôle anthropique sur le paysage dans un contexte de bouleversements climatiques. Dans un travail immersif de l’image et du son, Fragile Monument explore les échelles de temporalité propres au glacier, à l’eau, à l’environnement minéral et leur entremêlement avec des rythmes humains.

Albédo offre une incursion visuelle dans le travail de terrain de chercheurs en glaciologie de l’ETH à Zurich sur le glacier du Rhône. Ils y déploient des outils techniques afin de produire des relevés dans le cadre d’activités de surveillance du glacier, dont les fissurations et les signes d’affaissement sont tangibles. Ces images s’accompagnent d’une explication scientifique de l’effet albédo : la capacité de réflexion du rayonnement solaire par une surface, pour lequel un indice élevé (associé à des surfaces enneigées) protège la glace de la fonte. Les boucles de rétroaction initiées par les changements climatiques chamboulent dorénavant l’équilibre précaire des glaciers, leur épiderme étant fortement sensible à celles-ci. Observé, étudié et drapé, le glacier du Rhône est présenté comme un hyper-objet climatique, un « quasi-artéfact dont l’aura sublime se rapporte dorénavant au vertige de sa disparition1 ».

Le dernier chapitre de la trilogie, Après les glaciers, présente le point de vue du chercheur scientifique et glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui milite pour la protection des glaciers et des marges glaciaires depuis une perspective écosystémique, dégagée d’un point de vue anthropocentrique. Dans ce film, le regard s’étend à différentes zones alpines en Suisse exposées au retrait glaciaire. À travers ce phénomène, des milieux intouchés émergent sous la glace, suscitant une réflexion sur leur protection comme des havres potentiels de biodiversité. Sur fond de plans macroscopiques de bulles d’air emprisonnées dans la glace, sortes d’archives vivantes donnant à sentir le temps profond du glacier, Bosson affirme que les glaciers constituent des objets sensibles qui nous permettent de mieux saisir l’histoire du climat.

Cette trilogie a été réalisée lors d’un séjour au Programme principal de résidence de La Becque (Suisse) en 2021-2022, avec le généreux soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle s’inscrit au sein d’un corpus évolutif intitulé La Montagne radieuse, présenté sous forme d’exposition, de photographies et de vidéos, qui explore les imaginaires et interprétations plurielles de la montagne, entre transformations du paysage, manifestations technologiques et vertus thérapeutiques reliées au legs de la modernité en milieu alpin.

« Au-delà de sa prestance monolithique, la montagne se révèle être un objet complexe, dont la portée irradie sur plusieurs plans. Structuré en chapitres interreliés, La Montagne radieuse […] procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la géomorphologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique2. »

 

– Comprend des extraits (1 et 2) de l’essai de Gentiane Bélanger, commissaire de l’exposition La Montagne radieuse, Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, 2022