Lettre x représentant une icône de fermeture
image couleur, fond mauve, 2 hommes s'embrassent

©  Marc Paradis, La cage, 1984

Marc Paradis, un désir d’ogre

Lancement de la publication numérique

Jeudi 3 décembre 2020
Vithèque



Vidéographe a le plaisir d’annoncer la parution de Marc Paradis, un désir d’ogre, publication numérique consacrée à l’oeuvre obsessive et transgressive du vidéaste québécois. 

Marc Paradis (1955-2019) est un pionnier de la vidéo queer au Québec et au Canada. Dès sa première œuvre, Le voyage de l’ogre (1981), il s’interroge sur la sexualité, le corps et l’identité homosexuelles. Son esthétique oscille entre un réalisme cru et explicite et un certain classicisme, dans la représentation des corps notamment, et les références picturales. Les textes, leur qualité littéraire et leur déclamation, jouent un rôle central donnant une résonance tragique à ces histoires d’amour, de cul, de ruptures et de mort. 

Cette publication bilingue regroupe trois nouveaux essais de Luc Bourdon, Alexis Lemieux et Denis Vaillancourt. Elle rassemble de plus les dix-sept bandes réalisées par Paradis dont deux inédites, Ecce Omo et Marrakech. Six des vidéos ont fait l’objet de nouvelles numérisations à partir des bandes maîtresses trouvées chez Paradis et trois sont nouvellement sous-titrées en anglais. Enfin, une riche sélection de documents personnels inédits est présentée : cahiers de notes, scénarios, découpages, dossiers de recherche et de repérage, photos de casting, etc.

Un programme en ligne sera également disponible gratuitement sur Vithèque du 3 décembre 2020 au 8 mars 2021.
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Biographie
Né à Montréal en 1955, Marc Paradis a étudié en art dramatique et en arts plastiques. Il a également participé à de nombreux ateliers de formation, de 1978 à 1990, avec notamment Józef Robakowski, Bruno Bigoni, Jerzy Grotowski et Michael Kriegman. Paradis s’intéresse à la vidéo en 1981, alors qu’il réalise un screen-test pour un film du réalisateur français Jean-François Garsi, dont il est alors l’assistant. Il en tirera Le voyage de l’ogre, la première de ses 17 réalisations. Ses oeuvres questionnent les relations amoureuses entre hommes, le désir, le fantasme, la représentation de la sexualité tout en jouant, parfois, aux limites de la pornographie. En 1984, il co-signe avec Luc Bourdon, Schème vidéo puis, l’année suivante, Say Cheese for a Trans-Canadian Look, deux bandes qui se penchent sur l’art vidéo au Canada. Il réalise aussi des portraits et des captations de performance d’artistes tels que Denis Lessard, John Mingolla et Yves Lalonde. Son travail a reçu une reconnaissance tant nationale qu’internationale. Marc Paradis est décédé à Montréal à l’été 2019.

 

La production de cette publication est rendue possible grâce au soutien du Conseil des arts du Canada.

Logo CAC

© Après les glaciers, Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne, 2022

PROGRAMME GRATUIT SUR VITHÉQUE – La Trilogie des Glaciers
Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne

VITHÈQUE

Gratuit



Avec La trilogie des glaciers, Vidéographe est fier de présenter pour la première fois sur Vithèque le travail des artistes Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne. Fragile MonumentAlbedo et Après les glaciers font partie d’un corpus d’oeuvres récemment acquis par Vidéographe et qu’il nous tarde de vous partager.

 

Cliquez ici pour accéder au programme [+]

 

En examinant l’évolution de zones glaciaires en Suisse, cette série de trois courts-métrages porte une attention aux rapports complexes que nous entretenons avec les milieux naturels. Elle soulève une réflexion sur des perspectives d’écologies futures, où se conjuguent des états d’hybridité, de vulnérabilité et du sublime.

Point d’arrimage de cette trilogie, le glacier du Rhône, qui culmine à 3600 mètres d’altitude, est devenu depuis la fin du XIXe siècle un objet d’étude scientifique et un important site d’affluence touristique des Alpes suisses. Indice éloquent d’une disparition anticipée, une partie de la zone d’ablation du glacier, sujette à la fonte, est recouverte de mosaïques géotextiles afin de le protéger des radiations solaires. Si ces couvertures réfléchissantes peuvent contribuer à diminuer l’accélération du retrait glaciaire, cette pratique demeure toutefois contestée par le milieu scientifique. Évocateur d’un décor énigmatique, de linceuls ou de refuges temporaires, le déploiement de ces bâches représente une tentative de contrôle anthropique sur le paysage dans un contexte de bouleversements climatiques. Dans un travail immersif de l’image et du son, Fragile Monument explore les échelles de temporalité propres au glacier, à l’eau, à l’environnement minéral et leur entremêlement avec des rythmes humains.

Albédo offre une incursion visuelle dans le travail de terrain de chercheurs en glaciologie de l’ETH à Zurich sur le glacier du Rhône. Ils y déploient des outils techniques afin de produire des relevés dans le cadre d’activités de surveillance du glacier, dont les fissurations et les signes d’affaissement sont tangibles. Ces images s’accompagnent d’une explication scientifique de l’effet albédo : la capacité de réflexion du rayonnement solaire par une surface, pour lequel un indice élevé (associé à des surfaces enneigées) protège la glace de la fonte. Les boucles de rétroaction initiées par les changements climatiques chamboulent dorénavant l’équilibre précaire des glaciers, leur épiderme étant fortement sensible à celles-ci. Observé, étudié et drapé, le glacier du Rhône est présenté comme un hyper-objet climatique, un « quasi-artéfact dont l’aura sublime se rapporte dorénavant au vertige de sa disparition1 ».

Le dernier chapitre de la trilogie, Après les glaciers, présente le point de vue du chercheur scientifique et glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui milite pour la protection des glaciers et des marges glaciaires depuis une perspective écosystémique, dégagée d’un point de vue anthropocentrique. Dans ce film, le regard s’étend à différentes zones alpines en Suisse exposées au retrait glaciaire. À travers ce phénomène, des milieux intouchés émergent sous la glace, suscitant une réflexion sur leur protection comme des havres potentiels de biodiversité. Sur fond de plans macroscopiques de bulles d’air emprisonnées dans la glace, sortes d’archives vivantes donnant à sentir le temps profond du glacier, Bosson affirme que les glaciers constituent des objets sensibles qui nous permettent de mieux saisir l’histoire du climat.

Cette trilogie a été réalisée lors d’un séjour au Programme principal de résidence de La Becque (Suisse) en 2021-2022, avec le généreux soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle s’inscrit au sein d’un corpus évolutif intitulé La Montagne radieuse, présenté sous forme d’exposition, de photographies et de vidéos, qui explore les imaginaires et interprétations plurielles de la montagne, entre transformations du paysage, manifestations technologiques et vertus thérapeutiques reliées au legs de la modernité en milieu alpin.

« Au-delà de sa prestance monolithique, la montagne se révèle être un objet complexe, dont la portée irradie sur plusieurs plans. Structuré en chapitres interreliés, La Montagne radieuse […] procède par étoilement pour explorer la myriade de facettes anthropiques par lesquelles nous entrons en relation avec la montagne. S’y enchevêtrent la nature, les technologies, l’architecture, l’histoire, l’hydrologie, la géomorphologie, la santé, la spiritualité et le bien-être dans une hétérochronie mêlant des échelles de temps humain, glaciologique et géologique2. »

 

– Comprend des extraits (1 et 2) de l’essai de Gentiane Bélanger, commissaire de l’exposition La Montagne radieuse, Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, 2022