Lettre x représentant une icône de fermeture
image couleur, homme blong tenant la revue Nature dans ses mains

© Hillside Projects, Searching for the European Roller, 2017

dv_vd : Vidéographe x Dazibao x Filmform
Traces et territoires et Animal Love

Programmation en ligne

22 et 29 avril 2021 à 19h

Facebook live stream et YouTube

Gratuit



Dans le cadre de la série dv_vd, Vidéographe et Dazibao sont heureux de consacrer deux soirées de diffusion en ligne à Filmform, sous l’égide de Karine Boulanger (Vidéographe), Anna-Karin Larsson et Andreas Bertman (Filmform). Dans Conversation Between Collections, Vidéographe et Filmform proposent un commissariat croisé de leur collection respective, au travers de deux programmes vidéo inédits, Animal Love et Traces et territoires.

Né d’une rencontre des deux équipes à Stockholm en 2018, lors de laquelle la similarité des organismes s’est imposée, ce programme marque une première collaboration entre Filmform (Stockholm) et Vidéographe (Montréal). Fondé en 1950, Filmform distribue et conserve une riche collection de cinéma expérimental international des années 1920 à aujourd’hui. À 50 ans, Vidéographe continue d’étoffer un catalogue de distribution de plus de 2 300 titres québécois et internationaux des années 1970 à nos jours. Signe des temps sans doute, les deux programmes présentés ici regroupent des œuvres récentes tirées des deux collections autour de deux thèmes complémentaires :Animal Love, préparé par Andreas Bertman et Anna-Karin Larsson, et Traces et territoires, préparé par Karine Boulanger

 

PROGRAMME pt. 1 – Traces and Territories

  • Håkan Dahlström, The Monument, 17 min 15 s, 2014 (Suède)
  • Ulrika Sparre, Ear to the Ground (Wandering Rocks), 9 min 04 s, 2020 (Suède)
  • Macha Ovtchinnikova, Stigmates de la terre, 10 min 57 s, 2020 (France-Russie)
  • Félix Lamarche, Terres fantômes, 18 min 38 s, 2019 (Québec)
  • Sophie Vuković, Untitled Abisko, 19 min 15 s, 2020 (Suède)
  • Liselotte Wajstedt, Faces, 3 min 29 s,  2008, (Suède)

 

► Télécharger le programme de Traces and Territories

 

BIOGRAPHIES

Håkan Dahlström

Né en Suède en 1952, Håkan Dahlström a passé son enfance à Málaga (Espagne), où il a étudié à l’école d’art de Picasso pendant dix ans. Durant sa jeunesse il a beaucoup voyagé avec ses parents, l’écrivain Sture Dahlström et la peintre Anna-Stina Ehrenfeldt.

Ayant vécu pendant un an dans le désert de l’Arizona avec sa famille, il y est retourné des années plus tard, en 1974, pour tourner Mirror Movement sur pellicule 16 mm.

Depuis ses débuts, sa compréhension de la nature et du cosmos constitue un élément clé de son œuvre, où figurent ses observations botaniques et fauniques.

C’est en trouvant la caméra de son père à l’âge de 14 ans qu’il a commencé sa carrière de cinéaste, remportant en 1967 la médaille d’or au 5e Concours international des jeunes cinéastes de l’UNESCO (Paris). Les années suivantes l’ont amené en Californie, à San Francisco, où il a vécu et travaillé aux côtés d’autres artistes d’avant-garde et a participé au mouvement du cinéma underground, montrant ses œuvres notamment au Berkeley Film Archives. De retour en Suède, il a remporté plusieurs prix remis par la télévision suédoise entre 1967 et 1969. Son travail a été présenté dans des cinémathèques et des centres d’art en Scandinavie, à Paris et à Londres, en plus d’être diffusé à la télévision.

Aujourd’hui, il continue de filmer en format vidéo, utilisant divers médias ainsi que des moyens de réaliser une interaction entre le film, la photographie et le travail en trois dimensions.

 

Ulrika Sparre

Née en 1974, Ulrika Sparre vit et travaille à Stockholm (Suède). Sa pratique artistique se fonde sur plusieurs médias et formats, tels que l’installation, la sculpture, la photographie, la performance cinématographique et l’art sonore.

Récemment, Sparre a exposé à la Färgfabriken, au Musée d’art de Reykjavik, à ARTIPELAG, au Varbergs konsthall, à la Steen Projects Gallery et à la Fondation Index, en plus de réaliser plusieurs projets destinés à l’espace public. Elle a étudié au Konstfack (Collège universitaire des arts, de l’artisanat et du design) de Stockholm ainsi qu’à la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam.

 

Macha Ovtchinnikova

Macha Ovtchinnikova est une réalisatrice et chercheuse française d’origine russe. Docteure en études cinématographiques, elle écrit sur le cinéma et l’art contemporain, et enseigne l’esthétique et la pratique du cinéma et de l’art vidéo à l’université. Elle a réalisé Les Variations, un long métrage de fiction sorti en salle en 2014; l’essai documentaire Défaite et victoire du corps en 2018; et      Stigmates de la terre en 2020. Elle développe actuellement son prochain film documentaire      Chroniques d’une décennie, produit par Les Docs du Nord.

 

Félix Lamarche

Diplômé de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en cinéma, Félix Lamarche s’intéresse à la fois aux formes novatrices et traditionnelles que peut prendre l’art cinématographique. Il explore présentement les possibilités de la pratique documentaire, de son influence sur notre perception du monde, du visible et de l’invisible. Il essaie par ailleurs d’élaborer un espace de création non-hiérarchique et une éthique du dialogue entre le film et le public. Il travaille présentement sur un premier long-métrage documentaire.

 

Sophie Vuković

Sophie Vuković est une artiste et une cinéaste établie à Stockholm (Suède). Sa pratique se situe au croisement du documentaire et de la fiction et s’intéresse notamment à la migration et à la construction de l’identité et de l’intimité. Ses films réfléchissent à la façon dont les structures sociales et politiques influencent et façonnent les relations et les expériences personnelles.

Son court métrage 09:55-11:05, Ingrid Ekman (2015) a remporté de nombreux prix dans des festivals de films à travers le monde. Sous forme de documentaire hybride, son premier long métrage, Shapeshifters (2017), a exploré des questions de migration et d’appartenance par-delà les notions de frontières nationales. Le film a reçu plusieurs mises en nomination et a été salué par la critique lors de sa sortie en Suède à l’automne 2017. Ses films ont été présentés dans des festivals de films, à la télévision et dans les cinémas ainsi que dans des expositions d’art, notamment au Barbican Center et au Moderna Museet de Stockholm, où elle était l’une des artistes participant à l’exposition Moderna 2018. L’installation cinématographique Mother’s Milk (2019) constitue son travail de thèse de l’École royale des beaux-arts, pour lequel elle a reçu la bourse Bonniers. 

 

Liselotte Wajstedt

Établie à Stockholm (Suède) et originaire de Kiruna (Suède), Liselotte Wajstedt est une artiste multimédia samie dont le travail englobe le film et la vidéo, le collage, la peinture, la photographie, la sculpture, les arts textiles et l’installation. Ses œuvres d’images en mouvement incluent plus de deux douzaines de courts et de longs métrages expérimentaux. Sous forme de documentaires hybrides, de médias expérimentaux, de vidéoclips, de danse et de films de fiction, Wajstedt mobilise de nombreux styles et techniques, parmi lesquels l’animation traditionnelle, en pâte à modeler (claymation) et en volume (stop motion) et la surimpression, qu’elle met au service de sa politique et de son esthétique personnelle.

De nombreux films de Wajstedt engagent explicitement ou implicitement des postures subjectives multiples et hybrides, notamment A Sami in the City (2007), Sami Daughter Joik (2008), A Soul in a City (2011), Kiruna Space Road (2013), The Lost One (2014), Kiruna the drift block et Bromsgatan, Kvarteret Ortdrivaren et The Girl Kiruna (2020). Wajstedt a étudié la peinture et les arts libres avant de se spécialiser dans l’art vidéo et dans l’animation et la réalisation de films expérimentaux, avec un accent mis sur la narration documentaire et la scénarisation. Depuis 2010, elle possède un baccalauréat en expression des médias convergents de l’Université de Gotland.

 


 

PROGRAMME pt. 2 – Animal Love

  • Marte Aas, What I Miss About People, and What I Don’t Miss About People, 10 min 51 s, 2017 (Norvège)
  • Ilona Huss Walin, What If I Was A Rat, 7 min 48 s, 2002 (Suède)
  • Joanna Rytel, Monkey Performance, 2 min 30 s, 2002 (Suède)
  • Frédéric Moffet, The Magic Hedge, 9 min, 2016 (Canada)
  • Lova Hamilton, The Kiss, 2 min, 1994 (Suède)
  • Rachel Echenberg, Blanket: Pigeons, 3 min, 2004 (Canada)
  • Hillside Projects, Searching for the European Roller, 16 min 36 s, 2017 (Suède)
  • Elisa Gleize, Mex and the animals, 8 min 22 s, 2020 (Suisse)

 

► Télécharger le programme de Animal Love

 

BIOGRAPHIES

Marte Aas

Marte Aas, née en 1966 en Norvège, est une photographe et réalisatrice établie à Oslo (Norvège). Elle s’intéresse principalement à l’intersection de l’histoire, de la technologie, du paysage et de la culture contemporaine des images. Son travail explore les structures et les gestes impliqués dans la formation de différents récits politiques et idéologiques. Ces sujets d’intérêt se manifestent dans son œuvre dans des récits non linéaires et stratifiés qui prennent la forme de films, de photographies et d’installations.

Ses œuvres ont souvent pour point de départ une histoire issue du monde contemporain ou historique, laquelle est abordée à travers la recherche de différents formats et médias, bien qu’ancrée dans une pratique photographique. Les aspects matériels de la photographie, sa fonction de représentation et le lien entre le signe et le signifiant sont donc des éléments que son art aborde et étudie.

Aas a fait ses études à l’École de photographie de l’Université de Göteborg et à l’Académie nationale des beaux-arts d’Oslo. Ses films et ses œuvres d’art ont été présentés dans des festivals de films et dans des centres d’exposition tels que le Film Society of Lincoln Center et l’Anthology Film Archive de New York, l’European Media Art Festival (Osnabrück), le Musée national des arts d’Oslo, le Henie Onstad Kunstsenter et le Kunstnernes Hus d’Oslo, le Kiasma d’Helsinki et le Fotografisk Center de Copenhague.

 

Ilona Huss Walin

Artiste suédoise née en 1967 et établie à Göteborg (Suède), Ilona Huss Walin a étudié à l’Académie des beaux-arts de Bergen et de Göteborg ainsi qu’à la Gerlesborgsskolan de Stockholm. Son art s’est orienté progressivement vers la vidéo conceptuelle, repensant le jeu d’acteurs et l’installation à travers des méthodes de conception novatrices. Les œuvres d’Huss Walin cherchent à ouvrir des pistes de réflexion et d’interprétation nouvelles pour permettre à l’observateur de découvrir l’inattendu. Son travail explore les possibilités de la vidéo en tant que médium agissant en tant que phénomène opérant des mouvements dans la pièce, faisant partie d’installations spatiales ou combinant des éléments de langage avec des situations scénographiées.

 

Joanna Rytel

Née en 1974, Joanna Rytel vit et travaille à Stockholm, en Suède. Elle est diplômée du Collège universitaire des arts et du design de Stockholm depuis 2004. Elle a développé une œuvre complexe centrée sur les questions sensibles de notre temps en matière de genre, de pouvoir et d’identité. Elle aborde ces questions avec une grande intégrité et n’hésite pas à mettre en jeu la sphère du personnel afin de rendre son discours accessible à un public non spécialisé. Le contenu controversé      de ses sujets ne signifie pas pour autant que Rytel les aborde dans un esprit politiquement correct. Loin de là, elle rejette ce ton et vise plutôt à priver les téléspectateurs de leur rôle passif, cherchant à amplifier leur réaction et à les inciter à prendre part au débat.

 

Frédéric Moffet

Frédéric Moffet est un artiste multidisciplinaire, un professeur, un monteur vidéo et un travailleur culturel. Il vit entre Montréal et Chicago. Son œuvre, maintes fois récompensée, explore le territoire insaisissable qui sépare l’histoire, l’expérience vécue et le fantasme. Ses bandes vidéo les plus récentes sont Hard Fat (2002), Jean Genet in Chicago (2006), Postface (2011) et, bientôt, The Faithful. Son travail a été diffusé dans divers festivals, universités et galeries à travers le monde, notamment Rotterdam Film Festival, Whitechapel Art Gallery (London), Walker Art Center (Minneapolis), Museum of Contemporary Art (Chicago), PPOW Gallery (New York), Biennial of Moving Images (Geneva), Pleasure Dome (Toronto), Other Cinema (San Francisco), Kassel Documentary Film Festival, Microwave (Hong Kong) and Taipei Golden Horse Film Festival.

 

Lova Hamilton

Née en 1968 à Stockholm, en Suède, Lova Hamilton a été formée au Collège royal des beaux-arts de Stockholm. Établie en Suède, elle travaille avec une variété de médias mixtes.

 

Rachel Echenberg

Rachel Echenberg (Montréal, Québec) est une artiste visuelle travaillant surtout en performance, en vidéo et en sculpture. Son intérêt soutenu pour les possibilités d’une empathie active a généré des œuvres qui mettent l’accent sur les rapports vulnérables, intimes et incontrôlables. Depuis 1992, le travail de Rachel Echenberg a été exposé, performé et visionné à travers le Canada de même qu’à l’international, soit en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, au Chili, aux États-Unis, en France, en Irlande du Nord, en Israël, en Italie, au Japon, au Liban, au Maroc, en Pologne, au Portugal, en République tchèque et en Suisse. Echenberg détient un baccaluréat en arts visuels du Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD) à Halifax, Canada (1993) et une maîtrise en performance visuelle, du Dartington College of Arts en Grande-Bretagne (2004). Rachel Echenberg enseigne au Département des arts plastiques à Collège Dawson, Montréal.

 

Hillside Projects

Hillside Projects est un collectif de recherche et de création formé en 2011 par Emily Mennerdahl et Jonas Böttern et basé à Stockholm. Hillside Projects travaille de manière interdisciplinaire, en essayant toujours de déconstruire et de réexaminer les faits et les connaissances en mettant l’accent sur la dualité nature/culture. Le collectif réfléchit aux méthodes de collecte, d’organisation, de comparaison et de présentation de l’information et de la recherche. Les stratégies performatives, la narration, la collaboration et la recherche artistique sont des éléments importants de leur pratique commune. Leurs projets prennent la forme de dessins, de photographies, de performances, de conférences, d’installations et de vidéos. Hillside Projects maintient un dialogue avec des penseurs et professionnels de divers domaines. Hillside Projects est membre de galleri ID: I à Stockholm. Qui décide de ce qu’il faut dire? Et de comment il faut le dire?

 

Elisa Gleize

Elisa Gleize est une artiste originaire de suisse née en 1995. Elle est d’abord formée en tant que graphiste avant d’être diplômée en Arts Visuels de la Haute École d’Art et Design de Genève en 2019, où elle se spécialise dans la vidéo de fiction-documentaire.

Gleize termine présentement un DESS en Arts, création et technologies à l’Université de Montréal. Ses médiums sont l’écriture, l’installation, la vidéo et l’appropriation de plateformes virtuelles et de jeux vidéo. Le corps, les concepts biotechnologiques, l’identité humaine et animale et son devenir ainsi que ses représentations dans la sphère cybernétique sont ses principales thématiques. Elle sonde notamment cette idée de “zone grise“ permise par ces espaces qui invitent à activer une pensée au-delà des normes. Plus récemment, elle se penche sur les « cyber-sexualités » ou au processus visant à rendre certains groupes invisibles, équipés de leurs caméras ou de leurs ordinateurs. Gleize articule le plus souvent ses sujets à travers des récits info-fictifs qui proposent un futur teinté d’enjeux actuels, sur fond sensible et parfois sarcastique.

 

 

Filmform est une fondation suédoise dédiée à la promotion, la distribution et la préservation du film d’art suédois et de la vidéo expérimentale.

 

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Logo Dazibao

© Yaffa, Nada El-Omari, 2019

dv_vd : LAND BACK: FROM PALESTINE TO TURTLE ISLAND

PROGRAMMATION

13 février 2025 - 19 h
Dazibao Gallery

Gratuit



Pour la série dv_vd, Vidéographe et Dazibao ont invité les commissaires Farah Atoui et Muhammad Nour ElKhairy à présenter un programme d’œuvres. 

 

PROGRAM (76 min)

  • I Would Like to Visit, Muhammad Nour ElKhairy,  2017, 4 min 25 s
  • Canada Park, Razan AlSalah, 2020,  8 min 4 s
  • untitled part 3b: (as if) beauty never ends…, Jayce Salloum, 2000, 11 min 34 s
  • The Violence of a Civilization Without Secrets, Jackson Polys, Zack Khalil, Adam Khalil, 2017, 9 min 45 s
  • Something from there, Rana Nazzal Hamadeh, 2020, 7 min
  • Yaffa, Nada El-Omari, 2019, 7 min
  • Wild Rice Harvest Kenora, Alanis Obomsawin, 1979,  1 min
  • Farming, Alanis Obomsawin, 1975, 1 min
  • Healing Moments, Rehab Nazzal, 2023, 8 min 28 s
  • Xusum, Alanis Obomsawin, 1975, 4 min
  • Reclamation, TJ Cuthand, 2018, 13 min

 

« L’idée de territoire est essentielle à la compréhension des intentions qui motivent le génocide commis par l’état israélien. Pour ce faire, nous devons rompre avec notre perception occidentale du territoire, du lieu et de la propriété. Car pour les Palestiniens, comme pour tous les peuples autochtones, le territoire ne désigne pas le lieu où ils vivent; le territoire est l’essence même de leur identité. Cela crée un conflit inhérent entre Israël qui cherche à l’acquérir, et les Palestiniens pour qui il fait partie intégrante de leur existence. C’est là que se situe ce qui oriente l’État colonisateur vers la nécessité d’éliminer les Autochtones. Voilà pourquoi les déplacements, la dépossession, la destruction culturelle, la dévastation de la souveraineté alimentaire – qui constituent manifestement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en eux-mêmes – doivent également être reconnus comme étant destinés à supprimer l’appartenance culturelle et à détruire le lien des Palestiniens à la terre. »

– Francesca Albanese, 20 novembre 2024, School of Oriental and

African Studies, University of London

 

DÉCLARATION DES COMMISSAIRES

Land Back rassemble un puissant ensemble de voix d’artistes palestiniens et autochtones qui, par l’entremise de leurs œuvres vidéo et cinématographiques expérimentales, s’attaquent à la violence de la dépossession coloniale, du déplacement et de l’anéantissement culturel, tout en revendiquant le retour des (et aux) territoires ancestraux et la restauration de la souveraineté. LAND BACK ne se veut pas une métaphore. Il s’agit d’une revendication du droit au retour et à l’autodétermination des Palestiniens qui serait rendue possible en mettant fin à l’occupation israélienne et à l’apartheid, du fleuve à la mer. Cette revendication est intrinsèquement liée à la restauration littérale de la propriété foncière, de l’intendance et de la compétence des peuples autochtones de l’île de la Tortue. En utilisant ce cadre et en juxtaposant les histoires stratifiées et interconnectées du colonialisme de peuplement et de la résistance en Palestine et sur l’île de la Tortue, Land Back met en évidence les luttes territoriales communes des Palestiniens et des peuples autochtones, tout en reconnaissant également leurs contextes culturels et historiques distincts.

Les œuvres présentées dans le cadre de ce programme explorent les liens profonds entre la terre, l’identité et la présence historique, soulignant qu’une revendication matérielle du territoire est fondamentale dans les luttes anticoloniales. Par le truchement de diverses approches esthétiques – expérimentant avec du texte, des images numériques, des documents d’archives et des photographies, et mobilisant le pouvoir de la poésie et de l’imagerie poétique – ces interventions artistiques proposent des contre-récits dévoilant au grand jour la fiction et les mythes qui sous-tendent les projets coloniaux. S’appuyant sur des expériences vécues et incarnées, puis sur des histoires orales de déplacement et d’exil, ces films se veulent des témoignages qui révèlent la violence des projets coloniaux et du contrôle des frontières, lesquels desseins assimilent le territoire à la carte géographique et tentent de dissocier les pratiques personnelles, culturelles et spirituelles profondément enracinées des personnes qui l’habitent.

La vidéo minimaliste et textuelle réalisée par Muhammad Nour ElKhairy, I Would Like to Visit (2017), s’inspire de son expérience vécue pour exposer la nature oppressive des régimes coloniaux de contrôle des frontières, qui non seulement restreignent la mobilité des Palestiniens, mais rendent également presque impossible la perspective de visiter ou de retourner dans leur pays d’origine. En parallèle, ElKhairy examine avec un regard critique la nature périlleuse du déplacement des Palestiniens vers le Canada, où la recherche d’un refuge et du droit à la mobilité le positionne comme un colon sur des terres autochtones.

Le poème expérimental Canada Park (2020) de Razan Al Salah explore également l’impact du colonialisme de peuplement sur l’identité et la mobilité palestiniennes. En franchissant numériquement les frontières coloniales à partir de Google Street View, elle met en scène un retour improbable en Palestine, où sa présence spectrale plane au-dessus du parc Ayalon-Canada. Ce parc, érigé sur les ruines de villages palestiniens détruits par l’occupation israélienne en 1967 et financé en partie par des contributions du Fonds national juif du Canada, souligne les liens entre les projets coloniaux de peuplement en Palestine et l’île de la Tortue. En situant leurs récits dans le contexte canadien, les œuvres d’ElKhairy et d’AlSalah ouvrent un espace de réflexion critique sur la solidarité et la résistance commune contre les structures et les projets coloniaux.

L’œuvre untitled part 3b: (as if) beauty never ends… (2000) de Jayce Salloum dépeint l’histoire de la destruction et de l’effacement coloniaux à travers la perspective d’une maison palestinienne réduite en ruines par les forces d’occupation israéliennes en 1967. Cette histoire est narrée de manière poétique avec la voix du propriétaire, lequel a été déplacé de Palestine vers un camp de réfugiés au Liban. Dans la vidéo expérimentale de Salloum, des images abstraites – des orchidées en fleurs, des nuages ​​défilants, de l’eau qui coule – sont superposées à du métrage brut des massacres des camps de réfugiés de Sabra et de Chatila en 1982, et ce, afin de lever le voile sur la réalité poignante du déplacement vers le Liban. Cette juxtaposition, qui crée un rapport profondément troublant à la violence et à sa représentation, offre un langage visuel alternatif pour traiter les images du génocide et des atrocités qui se déroulent aujourd’hui en Palestine et au Liban.

The Violence of a Civilization Without Secrets (2017) réalisée par Adam Khalil, Zack Khalil et Jackson Polys, constitue également une expérience visuelle troublante. Cette vidéo adopte une approche narrative expérimentale pour mettre en lumière le rôle central qu’ont joué les pratiques archéologiques et les institutions muséales dans l’anéantissement des histoires autochtones et la fabrication de récits coloniaux de découverte et de propriété. En se concentrant sur le cas controversé de l’homme de Kennewick – des restes squelettiques vieux de 9 000 ans trouvés dans le sol du bassin du Columbia – les cinéastes se questionnent à savoir comment le pouvoir colonial fait l’usage de disciplines scientifiques comme arme pour réfuter les revendications autochtones relatives à l’ascendance et au territoire. Ici, le sol incarne un profond sentiment d’appartenance, ancrant les communautés autochtones dans un lieu qui demeure au cœur de leur identité et de leur histoire, profondément enraciné dans la terre elle-même.

Dans Something from there (2020) de Rana Nazzal Hamadeh, la terre devient un support pour raconter l’histoire intime d’un exilé de Palestine au Canada. Tissé à partir d’entretiens avec ses parents et de photos de famille, le film explore la pratique poignante du don de terre de Palestine à ceux et celles qui vivent en exil – un geste qui sert à la fois de lien symbolique et matériel avec la terre qu’ils ont été forcés de quitter et vers laquelle il est souvent impossible de retourner. Cette pratique transcende son symbolisme et sa matérialité, devenant un puissant acte de résistance qui démontre le lien durable et les droits des Palestiniens envers leur patrie, malgré les déplacements intergénérationnels. Comme le dit avec émotion Rehab Nazzal, la mère de Hamadeh, dans Something from there, « la terre est la source de la vie; elle est la vie; elle signifie la vie ».

Faisant écho au travail de Hamadeh, le film expérimental de Nada El-Omari, Yaffa (2019), superpose et surimpressionne avec complexité diverses séquences pour créer un portrait texturé d’un voyage intergénérationnel de déplacement et du souvenir immuable d’une patrie. Par l’entremise d’une narration poétique présentée comme une lettre à son grand-père – déplacé de Yaffa au Canada – El-Omari explore ses « histoires murmurées d’une mer en sang », qui ont profondément façonné son identité, sa mémoire et son lien profond avec la terre et la mer desquelles il a été arraché.

Les trois courts métrages d’Alanis Obomsawin, Wild Rice Harvest Kenora (1979), Farming (1975) et Xusum (1975), mettent en lumière le lien profond qu’entretiennent la nation líl̓wat et le peuple anishinaabe avec leur terre en tant que source vitale de subsistance, de culture et de communauté. Ces films se penchent sur les pratiques communautaires de récolte, d’agriculture et de préparation des aliments, les présentant comme essentielles à l’identité autochtone. Ils soulignent également le rôle crucial que remplit la souveraineté alimentaire, non seulement en tant que moyen de subsistance, mais aussi à titre de nécessité pratique et politique liée à des luttes plus larges, notamment relativement au territoire, à la survie culturelle et à l’autodétermination.

Healing Moments (2023) de Rehab Nazzal se veut une incursion méditative au cœur des paysages de Cisjordanie, réalisée au moyen d’images sensorielles immersives qui mettent en relief la relation spirituelle que les Palestiniens entretiennent avec leur territoire. Elle souligne également la capacité de ce territoire à cultiver la détermination et la guérison malgré la segmentation violente à laquelle il a été soumis par l’entremise des points de contrôle israéliens et du mur de l’apartheid. Ensemble, ces deux œuvres relatent les liens réparateurs qui existent entre les peuples autochtones et leur terre, tout en évoquant les luttes qui perdurent au nom de la souveraineté et de l’appartenance.

Réalisé par TJ Cuthand, Reclamation (2018) agit à titre de conclusion prospective au programme, car il réoriente le récit des luttes du passé et du présent vers ce qui nous attend potentiellement. Ce film imagine un avenir post-dystopique au Canada, où des colons blancs privilégiés ont abandonné la Terre pour Mars, laissant derrière eux une planète dévastée par le colonialisme et le capitalisme. En leur absence, les peuples autochtones se réapproprient le territoire, s’efforçant de restaurer sa vitalité et de guérir les profondes cicatrices infligées par les systèmes coloniaux. Le récit spéculatif de Cuthand met l’accent sur le lien pérenne avec la terre comme source de résilience et de renouveau, tout en concevant un avenir façonné par la décolonisation et la restauration de l’environnement.

Land Back fait valoir les luttes incessantes des peuples autochtones pour leur souveraineté, de la Palestine à l’île de la Tortue, et met l’accent sur les liens profonds et durables qui les unissent à leurs terres d’origine à travers les générations et la géographie. Ce programme de projection représente une occasion de réfléchir à l’interconnexion des luttes anticoloniales et à l’urgence de créer des projets de solidarité transnationale face aux effets destructeurs et aux répercussions violentes de la colonisation. Il s’agit également d’une invitation à envisager un avenir plus juste et plus prometteur, où la terre ne serait plus une ressource ou une propriété exploitable, mais bien une entité vivante qui soutiendrait culturellement et matériellement l’identité et l’existence des Autochtones. Elle constituerait ainsi le gisement de leurs récits, de leurs connaissances, de leurs pratiques communautaires et de leurs traditions culturelles, portant l’héritage des ancêtres et assurant leur survie.

– Farah Atoui et Muhammad Nour ElKhairy


 

PROGRAMME (76 MIN)

I Would Like to Visit, Muhammad Nour ElKhairy,  2017, 4 min 25 s

Cette œuvre composée d’un court métrage expérimental et d’une installation combine texte et film pour explorer le désir simple de voyager, à travers les réalités culturelles et politiques de l’existence d’un Palestinien. Sur bande sonore créée dans un état d’anxiété dispositionnelle, l’œuvre révèle un gros plan d’un texte tapé et édité sur un logiciel de traitement de texte. Elle complexifie ce désir simple de voyager en y ajoutant les réalités sociales, culturelles et politiques associées au fait d’être Palestinien sur un territoire autochtone de l’île de la Tortue.

 

Canada Park, Razan AlSalah, 2020, 8 min 4 s

Je marche sur la neige pour atterrir dans le désert. Je me retrouve sur un territoire autochtone non cédé dans ce qu’on appelle le Canada, un exilé incapable de retourner en Palestine. Je franchis la frontière coloniale en tant que spectre numérique flottant dans le parc Ayalon-Canada, transplanté sur trois villages palestiniens rasés par l’occupation israélienne en 1967.

Canada Park est un poème vidéo expérimental qui brosse un tableau de la politique de disparition/d’apparition de la Palestine telle que racontée, cartographiée et imagée dans Google Streetview et dans la photographie de paysage colonial du début du XXe siècle de la « Terre sainte », à savoir sur le site d’Imwas, lieu théologiquement confondu avec Emmaüs, un village cité dans la Bible. Imwas est effacé et Emmaüs est marqué comme un site touristique religieux dans le parc, une prophétie scripturale et algorithmique autogénérée.

Ce parc est situé entre ce que l’on appelle communément le No Man’s Land et Jérusalem. Le film explore cet espace absurde de suspension pour créer une contre-mythologie des lieux envers les forces religieuses, géopolitiques et capitalistes ayant actionné leur imaginaire sur la Palestine, son peuple et son territoire en réinsérant les quelques images documentant la Marche du Retour à Latroun du 16 juin 2007. Imwas n’est pas effacé. Il est enterré sous terre, un sous-commun, un ailleurs ici, où le colonialisme n’a plus de sens.

Je me réveille à nouveau, les pieds sur terre dans ce qu’on appelle le Canada, dans un autre parc, en territoire iroquois mohawk. Je marche sur la neige pour atterrir dans le désert.

 

untitled part 3b: (as if) beauty never ends…, Jayce Salloum, 2000, 11 min 34 s

Cette œuvre plus ambiante comporte de nombreux éléments : des orchidées en fleurs et des plantes en croissance, superposées sur du métrage brut filmé après le massacre de 1982 au camp de réfugiés de Sabra et de Chatila au Liban. Des photos de nuages, des images par satellite de Hubble, des coupes transversales de corps visibles et des plans abstraits d’eau au ralenti ajoutent à cette réflexion sur le passé, sur son contexte présent et sur sa trajectoire génocidaire. Grâce à la voix hors champ d’Abdel Majid Fadl Ali Hassan (un réfugié de 1948 vivant dans le camp de Bourg El Barajneh) narrant une histoire racontée par les décombres de sa maison en Palestine, et à la collection d’audio accompagnant les clips, la bande vidéo s’imprègne dans un essai intense sur la dystopie à l’époque contemporaine. Fonctionnant de manière directe, viscérale et métaphorique, la bande vidéo fournit une réponse élégiaque à la dépossession palestinienne en cours.

 

The Violence of a Civilization Without Secrets, Jackson Polys, Zack Khalil, Adam Khalil, 2017, 9 min 45 s

Cette œuvre est une réflexion pressante sur la souveraineté autochtone, sur la violence toujours vivante dans les archives muséales et sur la justice post-mortem relativement au cas de « l’homme de Kennewick », un homme paléoaméricain préhistorique dont les restes ont été retrouvés à Kennewick, Washington, en 1996.

 

Something from there, Rana Nazzal Hamadeh, 2020, 7 min

Something from there est un court métrage portant sur la substance de nos terres d’origine. En quoi le lien à la terre est-il altéré à la suite d’un déracinement et dans la diaspora? Comment la matière incarne-t-elle les souvenirs et défie-t-elle l’histoire officielle? Telles sont quelques-unes des questions ouvertes posées à travers cette réflexion sur les implications complexes du désir d’un morceau de terre après un déplacement. Vacillant entre les voix des parents de l’artiste, l’un réfugié et l’autre non, le film se veut personnel, mais évoque une expérience palestinienne commune. L’histoire fragmentée de l’exil du père à partir de la Palestine en 1948 constitue le récit directeur. Comme il le mentionne, il n’est jamais retourné depuis, sauf pour une seule journée dans les années soixante. Sa mère, en revanche, a grandi et a vécu en Palestine pendant une grande partie de sa vie (sa contribution au film a été enregistrée sur Zoom alors qu’elle était assise sur une terrasse de sa ville natale). Bien que son histoire ne soit pas la trame centrale du film, il devient clair au fil du récit qu’elle est capable de revenir et de récupérer le « quelque chose de là-bas » auquel on fait référence. Le « quelque chose » n’est jamais nommé, bien qu’il soit au cœur du récit. S’agit-il du sol? D’un morceau de terre? Des restes de nos ancêtres? La distinction entre terre et corps n’est pas faite, et Something from there se concentre plutôt sur le pouvoir de la mémoire et de la matière pour faire revivre une patrie niée et contrer l’impulsion coloniale qui vise à anéantir toute allégation de vie autochtone.

 

Yaffa, Nada El-Omari, 2019, 7 min

Yaffa est un court métrage expérimental où l’espace et le temps s’amalgament pour former les fragments à partir desquels nous créons nos récits. Dans ces fragments d’images, les souvenirs surgissent et les histoires se racontent. C’est à travers notre temps, nos mots, nos explorations et nos espaces communs que j’ai réalisé que mon grand-père m’avait offert une patrie.

 

Wild Rice Harvest Kenora, Alanis Obomsawin, 1979, 1 min

Le riz sauvage est une source importante d’alimentation et de revenus pour de nombreux Anishinaabe, qui parcourent parfois des centaines de kilomètres pour récolter cette céréale dans la région de Kenora, en Ontario. Cette œuvre a été réalisée par Alanis Obomsawin dans le cadre de la série de films Canada Vignettes.

 

Farming, Alanis Obomsawin, 1975, 1 min

Les pratiques agricoles des habitants de la nation líl̓wat, près de Mount Currie, en Colombie-Britannique, sont présentées dans une séquence d’instantanés qui illustrent la fertilité de leurs terres et le lien profond qu’entretient ce peuple avec son territoire. Ce court métrage s’inscrit dans la série L’il’wata. Au début des années 1970, au début de sa carrière de documentariste, Alanis Obomsawin a visité la nation líl̓wat, la Première Nation des Salish installée dans les terres intérieures de la Colombie-Britannique, et a créé une série de courts métrages qui montrent des récits personnels sur la culture, l’histoire et les connaissances du peuple líl̓wat.

 

Healing Moments, Rehab Nazzal, 2023, 8 min 28 s

Cette vidéo fait partie de l’installation multimédia Driving in Palestine qui combine photographie, vidéo, documents imprimés et son. Cette dernière offre un aperçu des structures israéliennes de ségrégation, de confinement, de surveillance et de restriction de la liberté de mouvement qui prolifèrent en Cisjordanie occupée. Capturées à partir de véhicules en mouvement sur les routes palestiniennes entre 2010 et 2020, cette décennie d’images force le public à s’interroger sur le lien entre la répression et l’affaiblissement des peuples autochtones et les tentatives d’expropriation et de destruction de leurs terres.

 

Xusum, Alanis Obomsawin, 1975, 4 min

Sur l’air d’une chanson en langue lil̓wat7úl, ce film présente une femme cuisinant du gwùshum, un dessert stl’atl’imx (líl̓wat) qui constitue une friandise de prédilection. De la récolte du xúsum (noix de lavage ou ronces remarquables) à la fabrication du fouet à partir de feuilles de maïs, un plat à la fois appétissant et impressionnant est créé.

Ce court métrage s’inscrit dans la série L’il’wata. Au début des années 1970, au début de sa carrière de documentariste, Alanis Obomsawin a visité la nation líl̓wat, la Première Nation des Salish installée dans les terres intérieures de la Colombie-Britannique, puis a créé une série de courts métrages qui illustrent des récits personnels sur la culture, l’histoire et les connaissances du peuple líl̓wat.

 

Reclamation, TJ Cuthand, 2018, 13 min

Reclamation est un film inspiré du style documentaire, imaginant un avenir post-dystopique au Canada qui résulte des changements climatiques, des guerres, de la pollution et des séquelles laissées par le projet colonial à grande échelle, lequel a maintenant anéanti le territoire. Lorsque les peuples autochtones sont abandonnés après un exode notable de colons blancs, principalement privilégiés, ayant élu domicile sur Mars, les habitants originels de cette terre s’en sortent en tentant de restaurer et de réhabiliter la patrie à laquelle ils ont le sentiment d’appartenir. Empêtrée par la nécessité de s’occuper des réfugiés climatiques du Sud, cette société post-dystopique lutte pour se réinventer en une communauté plus saine. Elle offre la possibilité de guérir des traumatismes communs et d’user des connaissances scientifiques autochtones traditionnelles pour reconquérir le Canada sur le plan environnemental.

Les peuples autochtones présentent les tâches qu’ils accomplissent pour se soigner eux-mêmes, ainsi que prendre soin du Canada et de la Terre. Elles comprennent notamment les projets d’eau potable, de collecte des déchets, d’élimination sécuritaire des rebuts dangereux, de plantation d’arbres, d’animation de cercles et de cérémonies de guérison, de jeux d’équipe et de discussions qui traitent du ressenti qui nous habite lorsqu’on nous abandonne sur ce que les colons blancs considéraient comme une planète mourante et jetable.


 

BIOGRAPHIES DES COMMISSAIRES

Farah Atoui est professeure adjointe au département d’études cinématographiques et d’images en mouvement de l’École de cinéma Mel Hoppenheim de l’Université Concordia. Elle est organisatrice culturelle et professionnelle des médias, spécialisée dans le cinéma contemporain, la vidéo et la culture visuelle, mettant l’accent sur les pratiques de l’image en mouvement du monde arabe. La pratique d’Atoui explore les interventions artistiques produites dans des conditions de lutte et de contrainte – guerre, occupation, colonisation, crise, déplacement – ​​à la fois comme outils et espaces de résistance, ainsi que comme lieux de production de connaissances critiques qui redynamisent la solidarité et les imaginaires entourant la décolonisation. Elle est titulaire d’un doctorat en communication de l’Université McGill, où ses recherches doctorales ont porté sur les documentaires expérimentaux syriens post-2011 en tant que contre-visualisations au régime de représentation de la « crise » des réfugiés. Elle est commissaire d’exposition et programmatrice de films indépendante, et membre des collectifs de projection Regards palestiniens et Regards syriens.

 

Muhammad Nour Elkhairy est un cinéaste, vidéaste et programmateur de films palestinien originaire de Jordanie qui vit actuellement à Tiohtià:ke (Montréal). ElKhairy est titulaire d’une maîtrise en beaux-arts en production cinématographique de l’Université Concordia. Ses œuvres vidéo expérimentales de fiction et de non-fiction se penchent particulièrement sur l’héritage du pouvoir colonial, politique et économique. Son travail est intrinsèquement lié au désir de mettre en valeur l’écran non seulement en tant qu’appareil idéologique, mais aussi comme une surface sur laquelle le moi joué existe entre l’intériorité du personnel et l’extériorité du sociopolitique. Son travail a été présenté dans plusieurs galeries d’art et festivals de cinéma internationaux, notamment le Berwick Film & Media Arts Festival, le Kaunas International Film Festival, le Toronto Palestine Film Festival et la Galerie Leonard & Bina Ellen.


 

BIOGRAPHIES DES ARTISTES

Adam Khalil (Ojibway) est un cinéaste et artiste qui réside et travaille à Brooklyn. Sa pratique vise à subvertir les formes traditionnelles d’ethnographie par l’humour, la relation et la transgression. Le travail de Khalil a été exposé au Museum of Modern Art, au Sundance Film Festival, au Walker Art Center, au Lincoln Center et au Whitney Museum of American Art, entre autres institutions. Khalil a reçu plusieurs bourses et subventions, notamment la Sundance Art of Nonfiction, la Sundance Institute Indigenous Program, la UnionDocs Collaborative Fellowship et la Gates Millennium Scholars Program. Khalil a obtenu son baccalauréat au Bard College.

 

Alanis Obomsawin est l’une des réalisatrices autochtones les plus acclamées dans le monde. Elle a intégré l’univers du cinéma par l’intermédiaire de la performance et de la narration. Embauchée par l’ONF comme consultante en 1967, elle a créé un corpus extraordinaire – 50 films à ce jour – dont des documentaires marquants comme Incident at Restigouche (1984) et Kanehsatake: 270 Years of Resistance (1993). La réalisatrice abénakise a reçu de nombreuses distinctions internationales et son travail a été présenté lors d’une rétrospective en 2008 au Museum of Modern Art. « Mon intérêt principal a toujours été l’éducation, affirme Obomsawin, car c’est là que l’on se forge une identité, que l’on apprend à haïr ou à aimer. »

 

Jackson Polys est un artiste multidisciplinaire appartenant au territoire Tlingit, qui vit et travaille entre ce qu’on appelle aujourd’hui l’Alaska et New York. Il est titulaire d’une maîtrise en beaux-arts en arts visuels de l’Université Columbia (2015) et a reçu en 2017 une bourse de mentorat de la Native Arts and Cultures Foundation. Il est l’un des principaux contributeurs de New Red Order (NRO), une société secrète publique qui, avec un réseau interdisciplinaire d’informateurs, coproduit des vidéos, des performances et des installations qui confrontent les désirs d’indigénéité, les tendances coloniales et les obstacles à la croissance et à l’action des Autochtones. Ses œuvres solos et collaboratives ont été présentées au Alaska State Museum, au Anchorage Museum, à Artists Space, au Burke Museum, à e-flux, à la Haus der Kulturen der Welt, au Images Festival, au MIT, au Museum of Contemporary Art Detroit, au Museum of Modern Art, au New York Film Festival, au Park Avenue Armory, au Sundance Film Festival, à UnionDocs, à la Toronto Biennial of Art, au Walker Art Center et au Whitney Museum of American Art, notamment dans le cadre de la Whitney Biennial 2019, entre autres institutions.

 

Jayce Salloum tend à se rendre uniquement là où il est invité ou là où il ressent une affinité intrinsèque, ses projets étant ancrés dans un engagement intime avec le lieu. Petit-fils d’immigrants syriens ou libanais, il est né et a grandi sur la terre des autres, le territoire de Sylix (Okanagan). Après des années passées ailleurs, il s’est installé sur les terres volées et non cédées des xʷməθkʷey̓əm, Sḵwx̱wú7mesh et səíl̓wətaʔł. Reconnaître et agir en conséquence est une pratique quotidienne, mais de manière réaliste, il constate qu’il pourrait faire beaucoup plus. Dans/hors de ce contexte – pas que cela importe vraiment –, Salloum a donné des conférences, publié et exposé de manière omniprésente dans un large éventail de lieux locaux et internationaux, dont certains improbables, des plus petites vitrines anonymes de son quartier Downtown Eastside de Vancouver aux institutions telles que le Musée du Louvre, le Museum of Modern Art, le Centre Pompidou, le Musée des beaux-arts du Canada, la Biennale de La Havane, la Biennale de Sharjah, la Biennale de Sydney et le Festival international du film de Rotterdam.

 

Nada El-Omari est une cinéaste et écrivaine d’origine palestinienne et égyptienne établie à Montréal. Sa pratique et ses intérêts de recherche se concentrent sur les transmissions intergénérationnelles de souvenirs, de déplacements et de récits d’appartenance et d’identité qu’elle explore à travers une lentille poétique et hybride. En focalisant sur le processus et les fragments dans le texte, le son et l’image, Nada découvre de nouvelles façons de s’autoraconter et de parler d’hybridité et du soi. El-Omari est titulaire d’un baccalauréat en beaux-arts en production cinématographique et d’une maîtrise en beaux-arts en cinéma de l’Université York. 

 

Rana Nazzal Hamadeh est une artiste palestinienne vivant sur la terre algonquine anishinaabe. Ses photographies, films et installations abordent des questions liées au temps, à l’espace, au territoire et au mouvement, proposant des interventions ancrées dans un cadre de décolonisation et utilisant la mémoire et le récit pour s’engager intimement dans des concepts larges. Sa pratique s’inspire des connaissances issues des mouvements populaires, tant en Palestine occupée qu’à travers l’île de la Tortue. Nazzal Hamadeh est titulaire d’une maîtrise en médias documentaires de la Toronto Metropolitan University et réside entre la ville occupée de Ramallah et Ottawa.

 

Razan AlSalah est une artiste et enseignante palestinienne établie à Tiohtià:ke/Montréal. Ses films jouent avec l’esthétique matérielle de l’apparition et de la disparition des corps, des récits et des histoires autochtones dans les mondes de l’image coloniale. Elle travaille fréquemment à partir d’images sonores pour infiltrer les frontières qui nous ont séparés de la terre. Ses œuvres constituent à la fois des intrusions fantomatiques et des ruptures suintantes de l’image coloniale, agissant telle une frontière, tel un mur. AlSalah perçoit son processus créatif comme s’il s’agissait d’un cercle de relations avec les artistes, les amis, la famille, la technologie, les images, les plantes, les objets, les sons… et l’inconnu. Ces relations se mutent en divers points d’entrée et de sortie vers des ailleurs, ici, où le colonialisme n’a plus de sens.

 

Rehab Nazzal est une artiste multidisciplinaire d’origine palestinienne partageant son temps entre Montréal et Bethléem, en Palestine. Son travail traite des effets de la violence coloniale sur le corps et l’esprit des peuples colonisés, sur la terre et sur d’autres formes de vie non humaines. Les vidéos, les photographies et les œuvres sonores de Nazzal ont été présentées dans des expositions individuelles et collectives au Canada et à l’étranger. Elle est actuellement professeure adjointe à l’Université Dar Al-Kalima à Bethléem et a enseigné à la Simon Fraser University, à la Western University et à l’École d’art d’Ottawa. Elle a reçu de nombreux prix au Canada et ailleurs dans le monde.

 

Theo Jean Cuthand est né à Regina, en Saskatchewan, puis a grandi à Saskatoon. Depuis 1995, il réalise des courts métrages et des vidéos narratives expérimentales sur la sexualité, la folie, l’identité et l’amour queer et l’indigénéité. Ses œuvres ont été projetées dans des festivals internationaux, notamment le Tribeca Film Festival, le Festival MixBrasil de Cultura da Diversidade, ImagineNATIVE Film + Media Arts Festival, le Ann Arbour Film Festival, Images Festival, la Berlinalen, le New York Film Festival, l’Outfest et l’International Short Film Festival Oberhausen. Son travail a également été exposé dans des galeries telles que le Remai Modern à Saskatoon, le Musée des beaux-arts du Canada, le Whitney Museum of American Art, le Museum of Modern Art et le Walker Art Center. Il a obtenu un baccalauréat en beaux-arts avec spécialisation en cinéma et vidéo à l’Emily Carr University of Art and Design en 2005, et une maîtrise en production médiatique à la Toronto Metropolitan University en 2015. Il a réalisé des œuvres retenues par les commissaires de Urban Shaman et Videopool à Winnipeg, Cinema Politica à Montréal, VIMAF à Vancouver et Bawaadan Collective au Canada. En 2020, il a complété la conception d’un jeu vidéo 2D intitulé A Bipolar Journey, basé sur son expérience d’apprentissage et de gestion de son trouble bipolaire. Son deuxième jeu vidéo, Carmilla the Lonely, a été achevé en 2023. Il a également écrit trois scénarios de longs métrages et s’est produit au Live At The End Of The Century à Vancouver, au Performatorium du Queer City Cinema à Regina et au 7a*11d à Toronto. En 2017, il a remporté le REVEAL Indigenous Art Award de la Fondation Hnatyshyn, et en 2019, il comptait parmi les artistes de la Whitney Biennial. Cuthand a réalisé 32 vidéos et films à ce jour, et il travaille actuellement sur un long métrage. Cet homme transgenre utilise les pronoms il/lui. Il est d’origine crie des plaines et écossaise, membre de la Première Nation de Little Pine et réside actuellement à Toronto, au Canada.

 

Zack Khalil (Ojibway) est un cinéaste et artiste originaire de Sault Ste. Marie, dans le Michigan. Il vit actuellement à Brooklyn, dans l’État de New York. Son travail explore généralement une vision du monde autochtone et vient ébranler les formes traditionnelles d’autorité historique à travers l’exploration de récits alternatifs et l’utilisation de formes documentaires innovantes. Il a récemment obtenu un baccalauréat au Bard College en cinéma et en arts électroniques, et il est membre de l’UnionDocs Collaborative Fellow et du Gates Millennium Scholar.

 

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